Un opposant guinéen condamné à deux ans de prison pour critiques envers la junte
Un tribunal guinéen a condamné Aliou Bah, figure de l'opposition et leader du Mouvement Démocratique Libéral (MoDel), à deux ans de prison pour « injures et diffamation » à l'encontre du chef de la junte, le général Mamady Doumbouya.
Le verdict, rendu mardi à Kaloum, dans le district administratif de Conakry, soulève des inquiétudes croissantes concernant les libertés sous le régime militaire établi depuis le coup d'État de 2021 qui a renversé l'ancien président civil Alpha Condé.
Aliou Bah avait critiqué le Comité National de Réconciliation et de Développement (CNRD), dirigé par Doumbouya, le qualifiant d'« incompétent ». Il avait également appelé les leaders religieux guinéens à s'exprimer sur la situation du pays. Arrêté fin décembre alors qu’il se rendait en Sierra Leone, il a été accusé de diffamation envers le chef de la junte.
Les avocats de Bah ont dénoncé un procès qu'ils considèrent comme une atteinte à la liberté d'expression, qualifiant les accusations d’infondées.
Depuis la prise de pouvoir par la junte, des critiques pointent une dérive autoritaire avec l’arrestation, l’exil ou la poursuite en justice de plusieurs figures de l’opposition. Des leaders de la société civile arrêtés en juillet restent introuvables, tandis que des décès dans des circonstances troubles, incluant un ancien chef d'état-major et un ancien dirigeant de la junte, aggravent les inquiétudes.
Engagements pour un retour à l'ordre constitutionnel
Lors de son discours du Nouvel An, le général Doumbouya a promis que 2025 serait une « année électorale cruciale » pour rétablir l’ordre constitutionnel. Cependant, aucune précision sur un calendrier ou des mesures concrètes n’a été donnée, suscitant des doutes sur la sincérité de cet engagement.
Des organisations de défense des droits humains et des leaders de l'opposition appellent à une vigilance accrue de la communauté internationale face à la détérioration des libertés politiques et civiles en Guinée.