Silence de Paris sur l'enlèvement de Foniké Menguè et Billo Bah : le député Aurélien Saintoul demande une « commission d'enquête sur les relations France-Guinée »

Silence de Paris sur l'enlèvement de Foniké Menguè et Billo Bah : le député Aurélien Saintoul demande une « commission d'enquête sur les relations France-Guinée »

Depuis un peu plus de deux mois, Oumar Sylla, alias « Foniké Menguè », et Mamadou Billo Bah, deux leaders du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), ont disparu en Guinée. Ils ont été enlevés le 9 juillet à Conakry par un groupe de gendarmes et de soldats des forces spéciales. Depuis, ces deux militants n'ont donné aucun signe de vie, et leurs familles sont sans nouvelles. Le gouvernement guinéen, pour sa part, nie toute responsabilité dans cet enlèvement.

Cette affaire suscite encore une vague d'indignation parmi les défenseurs des droits de l'homme et la communauté internationale. Cependant, pour des raisons non explicitées, la France a choisi de rester silencieuse. C'est ce silence qui a poussé le député français Aurélien Saintoul à réclamer la mise en place d'une « commission d'enquête » pour éclaircir les relations actuelles entre la France et la Guinée.

« Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah ont été enlevés il y a 2 mois en Guinée. La France est restée silencieuse malgré la reprise de la coopération avec la junte de M. Doumbouya. Je demande une commission d'enquête sur les relations France-Guinée », a déclaré le député sur X (anciennement Twitter) le 9 septembre.

La France est régulièrement citée parmi les principaux soutiens de la junte militaire du CNRD, qui a pris le pouvoir en Guinée à la suite d’un coup d'État le 5 septembre 2021. Elle a d’ailleurs été l'un des premiers pays à renouveler sa coopération avec la Guinée après ce putsch contre le régime d’Alpha Condé, l’ancien président guinéen. Le gouvernement français a même nommé, par décret, un fonctionnaire pour coopérer avec le ministre guinéen de la Justice.

Ce soutien inébranlable de la France envers le CNRD est intriguant, surtout face aux nombreuses violations des droits humains (assassinats, enlèvements, répression des libertés individuelles et collectives, etc.) perpétrées en Guinée depuis l'arrivée de cette junte au pouvoir. Selon l’ONU, au moins 50 personnes ont été tuées en Guinée depuis janvier 2024.

La responsabilité de la junte du CNRD a souvent été pointée dans l'enlèvement de Foniké Menguè et Billo Bah. Les épouses de ces deux militants ont même porté plainte à Paris contre le Général Mamadi Doumbouya et deux autres membres du CNRD (les généraux Balla Samoura et Bachir Diallo) pour « disparition forcée ». Pourtant, les autorités guinéennes continuent de nier toute implication dans cette affaire, malgré des preuves accablantes et des témoignages concordants.

L'enlèvement de Foniké Menguè et Billo Bah inquiète profondément les ONG de défense des droits de l'homme et la communauté internationale. 

« Nous sommes extrêmement préoccupés par la disparition de deux militants (Foniké Menguè et Billo Bah) en République de Guinée... Nous exhortons les autorités de transition en Guinée à les libérer immédiatement et sans condition, à moins qu'ils ne soient formellement inculpés conformément aux procédures judiciaires établies, en garantissant leur droit à une défense légale adéquate », a déclaré le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme dans un communiqué publié quelques jours après leur enlèvement.