La Guinée élimine la maladie du sommeil : un modèle de lutte contre les maladies

La Guinée a franchi une étape importante en matière de santé publique en réduisant considérablement les cas de maladie du sommeil, autrefois répandue dans le pays. En janvier 2025, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a officiellement déclaré que la maladie du sommeil n'était plus un problème de santé publique en Guinée. Ce succès résulte d'une stratégie globale combinant avancées médicales, contrôle des vecteurs, sensibilisation publique et engagement communautaire.
Une maladie longtemps négligée
La maladie du sommeil, ou trypanosomiase humaine africaine (THA), est causée par le parasite Trypanosoma et transmise par la piqûre de la mouche tsé-tsé. Sans traitement, elle entraîne de graves troubles neurologiques, puis la mort. Autrefois, la Guinée était le pays d'Afrique de l'Ouest le plus touché, mais en 2024, elle a réduit les infections à seulement 12 cas.
La maladie prospère dans les zones reculées, notamment dans les écosystèmes de mangroves denses de la Guinée, où la mouche tsé-tsé se développe. La maîtrise de la maladie était initialement difficile, car les premiers efforts se concentraient uniquement sur le dépistage massif et le traitement sans s'attaquer à la population de mouches.
Le rôle des "petites cibles"
Une avancée majeure a eu lieu en 2012 lorsque les chercheurs ont introduit une nouvelle méthode de contrôle des vecteurs : des panneaux de tissu bleu imprégnés d'insecticide, appelés "petites cibles". La mouche tsé-tsé, naturellement attirée par le bleu, est efficacement éliminée par ces dispositifs, qui n'affectent pas les autres insectes ni l'environnement.
Les résultats ont été immédiats. Dans les zones où les écrans bleus ont été déployés, les cas ont chuté de manière significative. En 2016, les chercheurs ont confirmé que les lieux équipés de "petites cibles" n'enregistraient aucun cas, tandis que les zones voisines non protégées continuaient de signaler des taux d'infection élevés.
Des avancées médicales transforment le traitement
Parallèlement au contrôle des vecteurs, les progrès thérapeutiques ont joué un rôle crucial. Autrefois, le seul médicament disponible, le mélarsoprol, était extrêmement toxique, provoquant des effets secondaires graves et parfois mortels. De nouveaux médicaments, tels que le fexinidazole — introduit en Guinée en 2020 — permettent désormais de traiter les patients avec des comprimés pris à domicile, rendant le traitement plus accessible.
D'autres progrès sont attendus avec l'approbation prévue de l'acoziborole, un traitement oral en dose unique, d'ici 2026, qui pourrait révolutionner la prise en charge de la maladie du sommeil.
Engagement communautaire et sensibilisation publique
La sensibilisation publique a été essentielle pour assurer le succès de ces initiatives. Des stations de radio locales, comme Radio Communautaire Forécariah, ont joué un rôle clé en diffusant des informations sur les symptômes, la prévention et le traitement.
Vers une éradication complète
Bien que la maladie du sommeil ne soit plus une menace majeure en Guinée, l'objectif est désormais d'atteindre l'éradication complète. L'OMS vise zéro transmission d'ici 2030, ce qui signifie aucun nouveau cas sur une période de cinq ans.
La détection récente de nouveaux cas à Dubréka rappelle que la vigilance reste indispensable. Scientifiques, équipes médicales et travailleurs communautaires sont déterminés à maintenir les progrès réalisés en Guinée, offrant ainsi un modèle pour d'autres pays encore confrontés à la maladie.