Conakry, le journaliste et ancien ministre Tibou Kamara a tout d’abord exprimé toute sa satisfaction pour la tenue de ce procès pour apporter son témoignage en vue de la manifestation de la vérité dans cette affaire qui continue de hanter plus d’un depuis 14 ans maintenant.
Pour répondre aux premières questions du président du tribunal Ibrahima Sory 2 Tounkara, l’ancien ministre a dit être sans portefeuille au moment des faits et a fait savoir qu’il n’a aucun lien avec un accusé ou une victime. Et parmi les inculpés, il n’a pas non plus des liens de subordination actuellement mais antérieurs oui, il s’agit du président Dadis mais ce lien n’existe pas pour le moment.
À en croire ce témoin qui a juré par devant ce tribunal criminel de Dixinn délocalisé dans la Cour d’Appel de Conakry qu’il est devant cette juridiction pour dire ce qu’il a vu, ce qu’il a entendu et ce qu’il vécu personnellement.
Dans sa déposition, Tibou Kamara a parlé du voyage sur Labé, de la date du 28 septembre 2009 et de ce qui s’est passé le lendemain. Après les discussions qu’il a eues avec Dadis au sujet de la manifestation sur le chemin du retour à Labé, il a été appelé par le Président Dadis vers minuit ou un peu avant au camp Alpha Yaya Diallo ( dans la nuit du 27 octobre 2009). Et arrivé sur les lieux, ils ont pu refaire la discussion et à la fin il était d’accord d’appeler les organisateurs de la manifestation pour trouver un accord avec eux sur les conditions et les modalités de l’organisation de la manifestation. » C’est à sa demande, ce n’est pas moi qui avais pris l’initiative, et c’est à sa demande que j’ai appelé l’ancien Premier ministre et président de l’UFR, M. Sidya Touré. Et je précise à ce stade et ce n’était pas la première fois que j’appelais quelqu’un pour le président Dadis. Pour ceux qui l’ont connu il utilise rarement lui-même son téléphone, son téléphone était pratiquement tout le temps fermé », a-t-il expliqué un premier temps avant de poursuivre en ces termes: « Donc j’ai appelé le président Sidya Touré, président de l’UFR et je lui ai dit ne quittez pas, je vous passe le président. Donc le capitaine a commencé la conversation par les civilités habituelles et ensuite il lui a dit qu’il avait 2 points sur lesuels il voulait discuter avec lui: le 1er point, la date du 28 septembre, il lui a expliqué qu’à partir du moment où que c’est une date historique, qui est réservée des Guinéens comme étant une fête qui a permis de recouvrer la fierté, ou de célébrer la fierté recouvrée, il souhaite qu’on écarte cette date des conflits liés à des protestations, des conflits liés à des manifestations et qu’après le 28 septembre n’importe quelle date du choix des organisateurs était agréé par lui pour faire leur manifestation.
La 2ème chose qu’il a demandée, c’est de délocaliser la manifestation du 28 septembre vers le stade de Nongo. Si mes souvenirs sont bons c’est à cette époque là, le stade du 28 septembre était en rénovation ou en tout cas accueillait des travaux en prélude à un match international. Dans tous les cas, il a souhaité que la manifestation n’ait pas lieu au stade du 28 septembre parce qu’il n’était pas approprié pour la circonstance ».
Par ailleurs, l’ancien ministre de préciser : »M. Sidya Touré a expliqué que l’heure était un peu tardive et qu’il lui aurait été difficile à une heure aussi tardive de pouvoir discuter avec les co-organisateurs de la manifestation et les convaincre du rapport parce qu’on était qu’à quelques heures de la tenue de leur manifestation. Et là 2ème des choses il a voulu rassurer le capitaine Dadis que la manifestation sera pacifique et que de toutes les façons ce qu’ils ont prévu dans leur programme, c’est de venir rencontrer leurs militants, prononcer un discours de circonstance et après repartir à leurs domiciles.
Le capitaine a demandé encore de reporter à une autre date ultérieure et de bien vouloir aller organiser au stade de Nongo et puis l’appel a été interrompu. Ensuite le capitaine m’a remis le téléphone pour rappeler encore M. Sidya Touré. Je l’ai rappelé, ils ont refait la même conversation, dans les mêmes termes face aux mêmes blocages et ensuite l’appel s’est coupé une nouvelle fois. Et quand le capitaine m’a redonné pour appeller une 3ème fois, le téléphone de M. Sidya Touré ne passait plus parce qu’il était éteint. Donc je n’ai pas voulu dire ça au capitaine, pour ne pas l’énerver, pour ne pas créer un conflit avec M. Sidya Touré. Je lui ai simplement dit que le téléphone ne passe plus. Donc on va essayer d’appeler les autres organisateurs de la manifestation et on a essayé avec d’autres numéros et par coïncidence aucun des téléphones ne passait. Finalement comme on n’arrivait plus à joindre personne, à commencer par le premier interlocuteur. Moi j’ai vu le président Dadis un peu déçu de n’avoir pas trouvé un accord »
Pour finir, parlant de cette histoire d’appel téléphonique passé depuis son téléphone, Tibou Kamara a laissé entendre qu’il y’avait un peu d’espoir et la seule carte à jouer pour le CNRD, c’est l’implication des religieux. « Je rappelle malgré cette tentative qui n’avait pas abouti, le lendemain il était question que les chefs religieux prennent la relève pour continuer les discussions avec les Forces Vives, de manière à parvenir à un consensus. C’est dans ce cadre et dans cette optique que les chefs religieux se sont rendus très tôt dans la matinée du 28 septembre pour rencontrer Jean Marie Doré et d’autres leaders à son domicile…C’était de continuer le processus de discussion, de médiation entamé la veille et qui le 27 septembre était inachevé…. », a-t-il laissé entendre au sujet de cet appel téléphonique passé tard la nuit à Sidya Touré par le président Dadis depuis son portable.
A suivre...