Géopolitique internationale : La tension entre Téhéran et Riyad atteint un niveau sans précèdent !

Géopolitique internationale : La tension entre Téhéran et Riyad atteint un niveau sans précèdent !
Muslim pilgrims circumambulate the Kaaba, the cubic building at the Grand Mosque, during the minor pilgrimage, known as Umrah, in the Muslim holy city of Mecca, Saudi Arabia, Thursday, March 10, 2016,. (AP Photo/Amr Nabil) /AMR101/c212a121105748bda7f5ebd5d201a135-174b8c74aff5c80c92/1603101812

Puissances régionales et rivales sur toute la ligne, l’Iran et l’Arabie Saoudite se lancent dans une escalade diplomatique et militaire sans précèdent. Les derniers développements survenus dans le conflit au Yémen, marqués notamment par le tir d’un missile balistique contre la capitale Saoudienne ont largement enflammé la situation. En effet, cet engin balistique tiré depuis une zone contrôlée par les rebelles Huthis au Yémen a été perçu par les autorités Saoudiennes comme un signe d’agression de Teheren contre le Royaume. D’autant plus que ces rebelles Huthis bénéficient d’un large soutien financier et matériel de l’Iran.

 

Toute chose qui a obligé l’Arabie Saoudite et ses alliés du golfe à lancer une campagne de frappe aérienne contre ces rebelles, car craignant tous l’élargissement de l’influence Iranienne dans la région.

Cette campagne entamée en 2014 a permis aux forces de la coalition Arabe pilotée par Riyad de reprendre la presque totalité des villes, qui avaient été prises par les Huthis.

D’où le début d’une longue et inquiétante escalade diplomatique et militaire entre l’Iran et les monarchies du golfe, particulièrement l’Arabie Saoudite qui n’a cessé de multiplier les contacts ces derniers temps avec ses voisins du golfe. Et ce, pour en fin renforcer leur coopération militaire face à ce qu’ils qualifient d’agression de la part de Téhéran.

Mais cependant, comme il fallait s’y attendre, la réponse Iranienne n’a pas tardé. Le président Hassan Rohani a demandé à l’Arabie Saoudite de se méfier de la puissance de son pays.

« Des plus grands que vous n’ont rien pu faire.» a-t-il réitéré ce mercredi 8 Novembre 2017 au cours d’un conseil de ministres.

Comme pour dire que si par le passé le rapport de force n’était pas envisagé, aujourd’hui l’on est plus que jamais proche d’un tel scenario chaotique et catastrophique sur toute la ligne. Catastrophique dans ce que l’Iran et l’Arabie Saoudite représentent des grandes puissances militaires du Moyen orient, disposant chacune d’importantes capacités de défense non négligeables.

DE LA PUISSANCE IRANIENNE !

L’Iran appelée communément la République islamique, est une grande puissance militaire du Moyen orient. Celle-ci est à remarquer sur tous les secteurs de la défense, avec un budget militaire qui atteint les 25 milliards de dollars.

En outre, l’armée Iranienne dispose aujourd’hui des équipements militaires de dernière génération, pour la plupart d’origine Russe. Plus de 300 avions de guerre équipent les forces aériennes du régime, ces matériels composés essentiellement des chasseurs Soukhoi et Mig, ainsi que des bombardiers lourds de haute qualité constituent l’une de principale force de l’armée Iranienne. La marine nationale compte actuellement trois (3) sous-marins de guerre, tandis que les forces terrestres disposent de plus de 1600 blindés de combat.

Sans pour autant parler des missiles sol aire S300 et S400 du système de défense anti aérienne Russe qui équipent les troupes des missiles stratégiques du régime Iranien, mais également des missiles Iskanders de longue portée.

Toujours est-il que, l’autre point important qui démontre la puissance de l’armée Iranienne, c’est la performance de son industrie de défense. Celle-ci s’est considérablement renforcée ces dernières années, grâce à la coopération Russe.

Ce qui permet aujourd’hui à Téhéran de fabriquer certains équipements de son armée sur place, dont entre autre, des chasseurs, des drones ainsi que des missiles balistiques d’une portée de 3000 Km. Toutes ces capacités sont couronnées par son programme nucléaire, malgré qu’il soit pour le moment aux arrêts après l’accord signé en 2016 entre Téhéran et les cinq (5) grandes puissances du monde. D’ailleurs c’est cet accord qui a déclenché en partie la colère de l’Arabie Saoudite, qui voyait en cela une menace pour sa sécurité et celle de toute la région.

Car il est inconcevable pour le Royaume Saoudien de laisser son grand rival régional se doter d’une armée nucléaire, d’où la menace du Roi Salman de doter son pays à son tour de l’arme nucléaire pour contrer l’Iran.

DE LA PUISSANCE SAOUDIENNE !

L’une de plus grande puissance militaire du Moyen orient et du monde Arabe, l’Arabie Saoudite n’est pas à minimiser sur le plan militaire. Ainsi, avec un budget de 56 milliards de dollars largement supérieur à celui de l’Iran, l’armée Royale Saoudienne dispose également des matériels de guerre modernes et sophistiqués, venus essentiellement de l’occident.

Les forces aériennes disposent actuellement plus de 600 avions de guerre, dont 300 chasseurs F-15 et F-16 Américains. La marine nationale dispose également d’une flotte moderne, composée des navires de combat, des patrouilleurs ainsi que des navires de garde cotes.

Ces bâtiments de guerre sont repartis essentiellement entre deux principales bases navales, situées dans la partie occidentale et orientale. Les forces terrestres et les forces de missiles stratégiques restent également des composantes très équipées.

À rappeler que dans les années « 80 », le Royaume Saoudien avait acquis un important régiment des missiles balistiques à portée intermédiaire auprès de la Chine. Mais toutefois, cette composante parallèle des forces armées Saoudiennes pourrait être renforcée, si un contrat est obtenu avec Moscou pour l’acquisition des systèmes S300 et S400 Russes.

En outre, il faut rappeler que l’industrie de la défense Saoudienne s’est largement renforcée ces derniers temps, comme pour dire que le Royaume se prépare bien à tout éventuel conflit militaire.

COMMENT LE RESTE DU MONDE RÉAGIRA T-IL À CES TENSIONS ?

Une grosse question qui pourra bien évidement diviser la communauté internationale. D’un côté les alliés de Téhéran et de l’autre les alliés de Riyad vont entamer une nouvelle période de relations difficiles, voire tendues sur toute la ligne, d’autant plus que chaque camp cherchera à défendre son allié stratégique.

Ce qui suppose qu’entre Washington et Moscou, les choses n’iront pas encore pour le mieux, dans la mesure où les deux puissances soutiennent chacune un camp au détriment de l’autre. L’on se rappelle lors de la dernière visite de Trump à Riyad, il avait demandé à tous les pays de la région d’isoler l’Iran.

Un appel qui va forcément tomber dans les bonnes oreilles des monarchies du golfe, dont l’Arabie Saoudite en première ligne, qui accuse ouvertement Téhéran de jouer à la déstabilisation de ces monarchies.

Mais toutefois, et contrairement à cette volonté de Washington, Moscou et Pékin apportent toujours un soutien sans faille à l’Iran. Ce qui obéît largement à la logique de leurs intérêts, d’autant plus que l’Iran reste l’un de plus gros client d’armements Russes à travers le monde.

C’est aussi un soutien inconditionnel du régime de Bachar El-Assad en Syrie, où les gardiens de la révolution, les forces d’élites du régime Iranien font une présence remarquable aux cotés des troupes d’El-Assad, appuyées aussi par la Russie.

Mais toujours est-il que, cette montée de tensions entre Téhéran et Riyad suscitera bien des réactions dans le monde musulman, et particulièrement dans le monde Arabe. Les pays musulmans, qui, généralement sont sunnites vont se rallier directement derrière le Royaume Saoudien, qui reste leur conducteur principal.

L’on se rappelle déjà qu’aux premières heures de ces tensions, beaucoup des pays musulmans avaient rompu leur relation avec l’Iran, y compris en Afrique. C’est le cas notamment, de l’Egypte, de la Mauritanie, de l’Algérie, du Niger ou encore du Sénégal.

Comme pour dire que l’Arabie Saoudite a de quoi à se sentir forte, vue tous ces pays qui lui restent fidèles encore. C’est par ailleurs un grand signe d’avertissement adressé à Téhéran, pour dire que le Royaume Saoudien a toujours des pays satellitaires en cas de conflit.

 

 

 

 

  Mamadou Moussa Diallo pour Journal Guinée