Géopolitique internationale : Ce que cache la tournée de Donald Trump en Asie

Géopolitique internationale : Ce que cache la tournée de Donald Trump en Asie
President Donald Trump waves as he boards Air Force One at Andrews Air Force Base, Md., Friday, Nov. 3, 2017, to travel to Joint Base Pearl Harbor Hickam, in Hawaii. Trump begins a 5 country trip through Asia traveling to Japan, South Korea, China, Vietnam and the Philippians. (AP Photo/Andrew Harnik)

Comme prévue, l’incontestable président Américain a entamé ce vendredi 3 Novembre 2017 sa toute première tournée en Asie depuis son investiture le 20 Janvier dernier. En effet, de la Chine au Japon en passant par le Vietnam, les Philippines et la Corée du Sud, Donald Trump aura la lourde tâche de s’entretenir à la fois avec des alliés et des adversaires pendant onze (11) jours. Mais cependant, cette visite intervient dans un contexte tendu pour l’administration Trump, qui reste affaiblie à l’interne par cette affaire d’ingérence Russe pendant la présidentielle de 2016.

 

Et en plus de ça, le nouveau locataire de la Maison blanche traverse actuellement une pression sans précèdent à l’extérieur venant surtout de ses alliés Asiatiques, qui s’inquiètent largement pour leur sécurité face à la menace Nord-Coréenne.

Comme pour dire que cette tournée Asiatique du président Américain s’annonce déterminente face aux grands défis qui l’attendent, vis à vis de ses alliés d’un côté et de ses adversaires de l’autre.

Mais toujours est-il que, au-delà de sa dimension diplomatique et militaire, cette tournée de Trump aura également une dimension économique.

Notamment la question phare portant sur le retrait des États unis du traité de libre-échange Trans-pacifique, dont le Japon, la Corée du Sud et le Vietnam restent membres.

Alors pour comprendre un peu les contours de cette tournée du numéro 1 de la Maison blanche, l’on serait amené à analyser chacune de ses étapes.

DE L’ÉTAPE JAPONAISE ET SUD CORÉENNE !

Comme il fallait s’y attendre, ces deux grands alliés traditionnels des États unis seront les premiers à accueillir Donald Trump.

Une visite cruciale pour l’avenir de leur alliance, d’autant plus que Trump leur avait déjà demandé de prendre leur sécurité en charge face à la Corée du Nord.

Toute chose qui a été accueillie de ce côté comme un froid dans le dos, car craignant tous les deux un éventuel désengagement de Washington sur leur sécurité.

Et ce, en dépit de toutes les menaces qui pèsent sur eux, surtout venant de leur ennemi direct qui n’est rien d’autre que la Corée du Nord de Kim Jung un.

Ainsi, même si Trump n’a pas totalement concrétisé sa menace sur un désengagement militaire de Washington dans ce sens, ce scenario ne semble pas être loin.

Pour en savoir plus sur cette éventualité, il suffit tout simplement d’analyser la manière dont les Etats unis ont réagi après les derniers tirs des missiles Nord-Coréens, qui ont traversé le Nord du Japon.

C’est ainsi, face à cette escalade, beaucoup s’attendaient à une réaction plus forte de Washington, mais celle-ci n’a pas dépassé le stade des menaces verbales et des sanctions économiques.

Même chose du côté de la Corée du Sud, malgré l’annonce du déploiement du bouclier anti missile Américain THAAD dans ce pays, situé à quelques Km de la Corée du Nord.

Ce qui semble être un signe de désengagement adressé aux autorités de ces deux pays, qui restent pour l’instant sérieusement menacés par la montée en puissance de Pyongyang.

Mais cependant, il est fort probable que Trump revienne sur sa décision, c’est à dire, rassurer ses deux alliés stratégiques du maintien de l’engagement militaire de son pays pour assurer leur sécurité.

Et ce, pour éviter en fin un basculement de la situation géopolitique dans la région, qui obligera éventuellement Tokyo et Seoul à se rapprocher de Pékin et de Moscou dans une moindre mesure.

En outre, Trump et ses deux alliés pourraient également évoquer la fameuse question du Trans-pacifique.

Un point, qui, pour l’instant ne semble pas avoir beaucoup d’enjeux, d’autant plus que les États unis se sont retirés de cet accord commercial dès les premières heures de la prise de fonction du milliardaire Républicain à la Maison blanche.

DE L’ÉTAPE CHINOISE !

Une étape importante, où deux chefs d’États adversaires auront des discussions tendues. Donald Trump et Xi Jinping sont loin de conjuguer le même verbe sur les dossiers phares du moment. Toute chose qui s’explique par la divergence de leurs intérêts vis à vis du reste du monde.

Ainsi, parmi les grands dossiers qui pourraient être à la une de leur discussion, figure en première ligne la crise dans la péninsule Coréenne.

La Chine en tant que grand allié de Pyongyang défendra sans doute son allié face à la pression de Washington, qui veut amener Pékin à isoler le régime de Kim Jung un.

Un scenario qui n’a presqu’aucune chance d’aboutir, dans la mesure où la Chine cherche à étendre son influence dans la région et dans le reste du monde.

Ce qui permettra à Pékin de renforcer ses positions face à l’expansion militaire Américaine dans la péninsule.

En outre, la crise dans la mer de Chine méridionale et celle relative à la vente d’armements Américains à Taïwan pourraient bel et bien être au menu de la rencontre entre Trump et Xi Jinping.

D’autant plus que ces derniers temps, la tension était vive en mer de Chine méridionale entre les forces navales Américaines et Chinoises.

Et ce, suite aux violations répétées par les États unis de l’espace maritime Chinois. Même chose sur le cas de Taïwan, où la décision de Washington de vendre des armes à cette région administrative a été vue par Pékin comme une menace sérieuse pour sa sécurité nationale.

DE L’ÉTAPE VIETNAMIENNE !

Justement à ce niveau, l’on s’interroge beaucoup sur les ambitions de Trump dans ce pays, qui, il faut le rappeler a été un véritable champ de bataille de la guerre froide de 1955 à 1975.

Mais toutefois, depuis la fin de ce conflit majeur, les relations entre les Etats unis et le Vietnam ne se sont jamais réellement améliorées, par le fait que le pays a basculé du côté des communistes.

Ce qui suppose qu’il reste toujours un allié de la Russie, qui est le grand adversaire des Etats unis dans le monde. C’est pour quoi, vu cette histoire géopolitique, il est moins probable que le Vietnam se rapproche de Washington, mais cela n’empêche pas aussi une certaine collaboration entre les deux pays.

Même si celle-ci sera limitée à un aspect économique et commercial, comme ça été le cas avec le traité de Trans-pacifique, où le Vietnam reste membre.

DE L’ÉTAPE DES PHILIPPINES !

Grand allié des Etats unis par le passé, ce pays de l’Asie du Sud a largement pris le contre-pied de Washington ces derniers temps. Et ce, depuis l’arrivée au pouvoir du président Rodrigo Dutert, qui a choisi de se rapprocher de Pékin et de Moscou.

Toute chose qui se justifie par ses visites effectuées en Chine et en Russie, sans pour autant parler des accords passés avec ces deux pays. Ce revirement des Philippines a permis tout de même d’apaiser les tensions avec son voisin Chinois, à propos du différend maritime qui opposé les deux pays.

Toute chose qui a été fustigée par Washington, car perdre les Philippines serait un coup fatal à la diplomatie Américaine, qui fera sans doute le jeu de Pékin et de Moscou.

L’on se rappelle également de ce contrat d’armement passé tout récemment entre les Philippines et la Russie.

Comme pour dire que Trump aura du mal à récupérer ce pays stratégique pour la géopolitique internationale dans cette partie de l’Asie.

 

 

 

Mamadou Moussa Diallo pour Journal Guinée