L’hommage de Moussa Tatakourou à feu Mamadi Diawara : « Nous regrettons de t’avoir perdu si tôt ».

L’hommage de Moussa Tatakourou à feu Mamadi Diawara : « Nous regrettons de t’avoir perdu si tôt ».

« La mort est le seul moyen de transport où il y aura toujours des passagers à bord ». Tous les jours sont des jours mais ils se démarquent par la différence des événements.

Hier a été encore un autre jour différent des jours habituels. Un autre être valeureux. Une énième personne importante a tiré sa révérence. L’enfant chéri de manden tamba s’en est allé hier. Il s’est éteint à jamais mais pas dans tout le sens du mot.

Le fils de Fanafanako ; le prodige de Tatakourou s’est endormi la nuit d’hier dans la capitale du Mali, à Bamako des suites d’une crise cardiaque.

Cette disparition tragique ne touche pas seulement tes deux (2) villages. Elle a endeuillée Sèkê dans sa totalité et les douzes (12) sous-préfectures de Siguiri ajoutées à la commune urbaine.

Si à un moment donné de la vie, tes parents que nous sommes, t’avons abandonné pour des raisons politiques, aujourd’hui nous sommes plongés dans un regret profond et interminable, donc éternel. Nous regrettons de t’avoir perdu si tôt (Bien que tout ce que fait Dieu est bon). De ne t’avoir pas compris à ton vivant.

Nous nous rendons compte qu’on avait égoïstement préféré quelqu’un d’autre à toi en oubliant que tu es un fils du terroir, grand père, père, oncle et frère du Siguirinka. Pour des fins politiques politiciennes, nous t’avons minimisé.

En écrivant ces quelques lignes, les larmes se bousculent sur mon triste visage. J’espère seulement de tout coeur que ta dernière rencontre avec l’union mandingue restera gravée pendant longtemps dans les anales de l’histoire de notre ville, mais aussi pour la population de Siguiri.

Je n’en trouve pas d’autres réponses à ces questions, outre que ce qu’a été ta propre personne à ton vivant.

Ces questions habitent mon âme. Je me demande qui a aimé sa ville comme Mamady Diawara. Qui a aimé ses parents dans notre pays comme Bintou dén? Qui pourra investir son avoir chez lui en Guinée comme Bagayogo Mousso dén?

Sur les réseaux sociaux, j’ai vu sur presque tous les murs et pages des ressortissants de Siguiri cette phrase : « LE BAOBAB EST TOMBÉ ». Mais, je me demande si à ton vivant on savait même te donner la valeur d’un “MANGUIER” à plus forte raison celle d’un “BAOBAB” pour la totalité des siguirinkas à cause d’une haine, dont je ne saurai déterminer la nature.

Le président HOUPHOUËT avait pourtant dit que “Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on la perdue“… C’est maintenant que je comprends la profondeur de cette pensée aussi riche que sage.

N’est ce pas ce qu’on appelle le médecin après la mort ?

Je me souviens encore comme si c’était dans l’actualité du jour de la petite histoire Grand père; quand j’avais invité Hadja Halimatou Dalein Diallo en 2016 à Siguiri pour Marrainer mon mariage, sa délégation et elle furent l’objet d’une interdiction de séjourner dans la ville. Ces agissements venaient directement des autorités communales d’alors et des fanatiques du parti au pouvoir depuis 2010 ; le RPG ARC-EN-CIEL.

Pendant des heures , mes invités subissaient toutes sortes de menaces et d’intimidations. Il a fallu une mobilisation sans précédente, de ma famille et de mes amis pour affronter (À la cité chinoise) les hors-la-loi qui se croyaient tout permis, afin que la délégation ait accès au centre ville.

Comme si celà ne suffisait en rien , les mêmes amateurs ont intimé à tous les promoteurs d’hôtels de la place de ne pas héberger mes valeureux hôtes.

Soudain, mon téléphone a crépité pendant qu’on faisait encore le tour de la ville, à travers un cortège triomphal et sans pareil… C’est ta voix extraordinaire que j’entends au téléphone, me demandant où doit loger la délégation ? Avec un ton confiant, je répondit : Dans un hôtel qu’on avait réquisitionné à cet effet. Me confirmant la nouvelle de menace qui planait sur les hôtels de la ville, tu m’as dit de ne guère m’inquiéter et de diriger directement la délégation dans ta modeste demeure juste après le carnaval qui était en cours.

Au bout de la ligne tu me disais que ces guignols sauront que je ne suis et ne peut pas être étranger à Siguiri, pour la simple et juste raison que les Diawaras font partie intégrante des familles autochtones, c’est à dire les premiers habitants de la ville.

Dernier passage pour marquer ton attachement pertinent aux valeurs, civilisations et à la personne même du Siguirinka.

Grand père, tu as été l’un des rares à dépenser sans arrière pensée, pour que l’homme de Siguiri vive toujours dans l’honneur.

La concession de la famille Sarandjan Karamokola avait été vendue, il y a déjà plusieurs années. Celà avait fait peur à tous les ressortissants de Siguiri vivant à conakry puisque cette concession est entrain de servir depuis longtemps de loge officielle pour nos frères et soeurs ayant une situation ou pas. Par ricochet, cette famille était l’identité de Siguiri à Conakry.

Tu as été celui qui a mis fin à cette vente en restituant l’argent des acheteurs pour le bonheur et l’honneur du Siguirinka. L’homme du manden tamba a continué à séjourner dans le dit lieu.

Une chanson historique chantée par les griots me vient en-tête lors du décès de Mghan Soundjata Keita le roi de l’empire Mandingue, héro aux multiples noms.

“Koli bada bé, Koli-beda eya yé Karata tè Koli gnongon ya”

Enfin, qu il me soit permis de terminer cet hommage qui me tenait à coeur par cette maxime de la civilisation du maninka selon laquelle « Quand tu tues ton propre chien fort qui te protégeait contre les agressions extérieures ; le chien fort d’autrui va te mordre un jour ou l’autre ».

Cette perte qui attriste à plus d’un titre le Siguirinka doit cependant lui servir de leçon. Il doit savoir qu’aucune circonstance ; aucune réalité ne doit pousser un individu à haïr son parent .

Moussa Tatakourou Diawara
Fils de Siguiri