Football: la FIFA secouée par deux nouveaux scandales

Football: la FIFA secouée par deux nouveaux scandales

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Walter De Gregorio, le patron de la communication de la FIFA, lors d’une conférence de presse.FP PHOTO / FABRICE COFFRINI

Six cadres et dirigeants du football arrêtés ce 27 mai 2015 à Zurich, de nouvelles accusations de corruption dans le monde du ballon rond, une enquête ouverte en Suisse sur l’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022… Le congrès de la Fédération internationale (FIFA), qui doit déboucher ce 29 mai sur l’élection du président de la FIFA, s’annonce explosif.

La paisible ville de Zürich en Suisse, siège de la Fédération internationale de football (FIFA), est l’épicentre d’un nouveau tremblement de terre juridico-médiatique, depuis ce 27 mai 2015, et ce, à deux jours de l’élection du président de la FIFA.

Tout a commencé au petit matin, dans le luxueux hôtel cinq étoiles Baur, lorsque la justice locale est venue arrêter six personnes, à la demande des autorités américaines. Ces personnalités du monde du football sont en effet soupçonnées de corruption, a indiqué le ministère suisse de la Justice : « Des représentants des médias sportifs et de sociétés de marketing sportif seraient impliqués dans des versements (de pots de vins) à de hauts fonctionnaires d’organisations footballistiques (comme la FIFA ou des fédérations affiliées, Ndlr), et ce en échange de droits médiatiques et des droits de marketing de compétitions organisées aux Etats-Unis et en Amérique du Sud. » Les autorités suisses ajoutent que « l’entente relative à ces actes aurait été conclue aux Etats-Unis, où ont également eu lieu les préparatifs. Des paiements auraient transité par des banques américaines. »

La justice américaine a inculpé 9 élus et 5 fonctionnaires de la FIFA

La justice américaine a précisé de son côté avoir inculpé 9 élus et 5 fonctionnaires de la FIFA. Celle-ci a en outre réclamé l’extradition des personnes arrêtées à Zürich. Elle a par ailleurs effectué des perquisitions au siège de la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf), à Miami.

Le quotidien américain New York Times, qui a révélé cette première affaire de corruption, donne des précisions : les personnes arrêtées auraient accepté et/ou réclamé plusieurs dessous de table depuis une vingtaine d’années. Une dizaine de personnes seraient concernées, dont Jeffrey Webb (des Iles Caïman), Eugenio Figueredo (Uruguay), tous deux membres du Comité exécutif de la FIFA, l’instance suprême de l’organisation, et Jack Warner (Trinité-et-Tobago), un ancien membre du comité exécutif, déjà impliqué dans de nombreuses affaires de corruption.

Enquête ouverte sur l’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022

Le scandale s’est ensuite poursuivi ce mercredi matin avec une autre affaire. La justice suisse a en effet annoncé la saisie de documents électroniques et l’ouverture d’une procédure pénale contre X. En cause : des soupçons « de blanchiment d’argent et de gestion déloyale entourant les attributions des Coupes du monde de football de 2018 et 2022 » à la Russie et au Qatar. Des enrichissements illégaux « se seraient déroulés en partie au moins en Suisse », à cette occasion précise le ministère de la Justice, au sujet d’un dossier qui ne cesse de faire des remous depuis décembre 2010. Les autorités helvétiques ont toutefois indiqué qu’une procédure pénale avait été ouverte dès le 10 mars 2015 mais qu’elle n’avait pas été rendue publique jusqu’à ce jour.

Le timing de ces arrestations et de ces annonces interpelle. La FIFA s’apprête à élire son président. Le Suisse Joseph Blatter, en poste depuis 1998, brigue un cinquième mandat. Le patron actuel, décrié depuis plusieurs années pour sa gestion et les nombreuses turpitudes sous sa présidence, avait juré en 2011 qu’il ne se représenterait pas en 2015. Son unique rival pour le scrutin, le prince jordanien Ali ben Al Hussein, s’est fendu d’un court communiqué. « C’est un jour triste pour le football », s’est lamenté celui qui est vice-président de la FIFA depuis 2011. « L’affaire connaît ses développements actuellement, des détails émergent, il ne serait pas approprié de faire d’autres commentaires pour l’heure », ajoute celui qui se fait le chantre d’une FIFA plus intègre.

«Il n’a jamais été question de repousser l’élection» du président

Walter De Gregorio, le patron de la communication de la FIFA, s’est bornée à assurer que la FIFA, qui a porté plainte le 18 novembre 2014, accueillait bien ces procédures et qu’elle coopérait avec la justice suisse. « Le président et le secrétaire général ne sont pas impliqués dans cette affaire », a-t-il assuré, avant d’ajouter qu’il n’a jamais été question de reporter le congrès de la FIFA et/ou l’élection présidentielle. Tout juste a-t-il admis que tout ceci n’était pas bon en termes d’images pour la Fédération internationale de football. Enfin, il a martelé que les Coupes du monde 2018 et 2022 auraient bien lieu en Russie et au Qatar, malgré les polémiques.

RFI