Fifa: Blatter se dirige vers un nouveau mandat en dépit de la crise

Fifa: Blatter se dirige vers un nouveau mandat en dépit de la crise

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Sepp Blatter est à la tête de la Fifa depuis 17 ans.REUTERS/Arnd Wiegmann

Jour J pour l’élection du président de la Fifa, point d’orgue du 65ème congrès de l’instance mondial du football à Zürich. Le sortant, Sepp Blatter, 79 ans et au pouvoir depuis 1998, est candidat à un 5e mandat d’affilée. Trois adversaires auraient pu lui faire face, mais un seul se mesurera finalement à lui. Blatter part largement favori, mais le nouveau scandale de corruption qui a éclaté il y a 48 heures a un peu plus terni l’image de l’homme et du système qu’il incarne.

De notre envoyé spécial à Zürich,

Depuis des années, en effet, on ne compte plus les voix qui s’élèvent pour critiquer sa gouvernance, plombée par les polémiques et de suspicions en tout genre. Blatter, l’homme à la gestion de fer, habile manœuvrier qui aurait des dossiers sur tout le monde et adepte du clientélisme pour assurer son pouvoir. Alors quand les arrestations de sept hauts cadres de la Fifa sur des accusations de corruption ont eu lieu mercredi, c’était l’occasion rêvée de remettre en lumière un monde et des pratiques opaques. Mais le Suisse, présent à la Fifa depuis 40 ans, se veut toujours au-dessus de la mêlée, même s’il n’est pas insensible à l’image de son organisation.

« Je sais que beaucoup de personnes me rendent responsable des actions et de la réputation de la communauté mondiale du football, que ce soit pour les décisions concernant l’organisation de la Coupe du monde ou les scandales de corruption, a déclaré l’homme fort du football mondial.Je ne peux pas contrôler tout le monde tout le temps ! Mais c’est à moi qu’incombe la responsabilité de la réputation et du bien-être de notre organisation. Je ne permettrai pas que les agissements d’une minorité détruisent le travail et l’intégrité de la grande majorité de ceux qui oeuvrent si durement pour le football. »

« Trop, c’est trop »

 Sepp Blatter se fait fort d’avoir une réputation personnelle sans tache : il n’a jamais été inquiété par la justice. Il n’empêche que l’accumulation de scandales a fini par sortir l’UEFA de ses gonds. La plus riche des confédérations continentales ne veut plus du Suisse. « Trop, c’est trop », a martelé jeudi le président de l’UEFA Michel Platini, mécontent de voir celui qu’il avait aidé à prendre le pouvoir en 1998 continuer à s’accrocher.

Dès l’an dernier, en marge du Mondial au Brésil, le président de la fédération néerlandaise Michael Van Praag donnait le ton de la fronde européenne en demandant à Blatter de ne pas se représenter. Lui-même était candidat jusqu’à la semaine dernière avant de se retirer et d’apporter son soutien au prince jordanien Ali Ben Hussein, 39 ans, vice-président de la Fifa depuis 2011. Michel Platini appuie à son tour sa candidature depuis lundi, car il a un bon profil : « C’est quelqu’un que je connais bien, que je fréquente depuis quatre ans, qui est président d’une association nationale, vice-président d’une grande confédération de football. Il est jeune, il a de l’ambition, il n’a pas besoin d’argent parce que c’est un prince. Maintenant, c’est un peu compliqué dans sa région, puisqu’il n’a pas le soutien de sa confédération, je ne veux pas rentrer dans les problèmes des émirs de toute la région mais je sais que ça existe. Je sais que c’est une personne qui peut faire beaucoup de bien. Il a annoncé devant le congrès de l’UEFA qu’il allait se présenter pour quatre ans et qu’après, il allait partir. »

L’Afrique reconnaissante

Seul Bémol donc, le président de la confédération asiatique (AFC), le Qatarien Salman Al-Khalifa est un fervent partisan de Sepp Blatter. Et il est loin d’être le seul. Pour l’Amérique du Nord, du Sud et l’Afrique, le changement, ce n’est pas maintenant non plus. Tout au long de ses 17 ans de règne, Sepp Blatter a su se faire des amis en aidant financièrement et matériellement des fédérations sans le sou.

L’Afrique en a particulièrement profité. Ses actions et ses résultats parlent pour lui, estime le Congolais-RDC Constant Omari, officiellement nommé ce vendredi membre du Comité exécutif de la Fifa : « Sepp Blatter a pris en compte, tout au long de sa carrière, des préoccupations africaines. Quand quelqu’un vous amène des aires de jeu aménagées où les jeunes peuvent s’exprimer, des programmes de développement qui permettent aux femmes africaines de jouer au football, l’Afrique doit-elle alors nécessairement voter contre lui parce qu’un continent ne le porte pas ? L’Afrique a beaucoup reçu du mandat de Sepp Blatter à la tête de la Fifa ! Ce n’est pas un continent ingrat ! Nous ne voyons pas pourquoi nous ne serions pas reconnaissants envers quelqu’un qui a mis la main à la pâte pour nous aider à résoudre un tant soit peu nos difficultés ! »

Sepp Blatter peut donc compter sur les 56 voix des présidents de fédérations africaines. Ajoutées aux 46 voix de l’Asie, aux 41 de l’Amérique du Nord, centrale et Caraïbes et aux 10 de l’Amérique du Sud, on comprend facilement que le patriarche suisse n’aura pas besoin des 53 voix européennes pour rester aux commandes quatre ans de plus.

RFI