Élections du 22 mars : Un coup dur pour la démocratie guinéenne

Élections du 22 mars : Un coup dur pour la démocratie guinéenne

Dans son discours prononcé à la veille du double scrutin, Alpha Condé a promis la tenue d’élections « transparentes et libres » ce dimanche, dans la paix et la sérénité. Mais tout ça n’est que de la poudre aux yeux, dans ce jeu de dupes auquel ne participent que des micros partis, sans ressort véritable, pour légitimer ce passage en force décrié par la communauté internationale.

Dans cet imbroglio électoral, le vote était quasi impossible ce dimanche, dans maints endroits de la capitale où les bureaux de vote ont été saccagés. Dans la commune de Ratoma où de violents heurts ont été enregistrés, l’armée a été mise à contribution pour mater les manifestants opposés aux élections.

Des scènes de violences ont émaillé également ce double-scrutin dans les provinces de N’Zérékoré, Mamou, Labé, Télimélé, pour ne citer que ces endroits, à forte concentration de contestataires.

A Mamou, le candidat uninominal Sanoussy Bantama Sow, a été obligé de raser les murs et de recourir au vote par procuration. Assez drôle pour illustrer ce pataquès électoral servi aux Guinéens par ce pouvoir autiste.

Les grands commis de l’État qui sont parvenus à  glisser leur bulletin dans l’urne, l’ont fait sous la protection rapprochée de bérets rouges, qui semblaient les marquer à la culotte. Preuve du manque de sérénité dans les rangs du gouvernement, où tous les apparatchiks du régime sont unis par la peur de perdre le pouvoir. Synonyme de pertes de privilèges indus.

Le président qui s’est acquitté de son devoir civique dans un centre de Kaloum,  a déclaré à cette occasion  que le peuple de Guinée va faire preuve de « maturité comme lors du référendum de 1958 », qui avait acté la rupture avec le colon blanc. Des propos qui sentent simplement la naphtaline, quand on sait que le contexte n’est pas le même. Car le vote de 58 s’est déroulé sans aucune contrainte ni violence envers les populations. Comme ce fut le cas ce dimanche où plusieurs  manifestants ont été tués  par balles.  Sans compter le nombre de blessés et d’arrestations opérées dans plusieurs circonscriptions électorales du pays.

Dans ce climat de terreur, les agents des forces de défense et de sécurité, censés protéger les populations, sont accusés  d’exactions par de nombreux citoyens. Comme s’ils étaient chargés d’écraser toute contestation à ce scrutin.

Ce scrutin sans suspense s’est donc achevé dans un bain de sang.

 

 

Par Mamadou Dian Baldé