Tribunal de Dixinn (Conakry) : Pépé Francis Haba et ses coaccusés confrontés aux contenus de leurs téléphones

Tribunal de Dixinn (Conakry) : Pépé Francis Haba et ses coaccusés confrontés aux contenus de leurs téléphones

Le président de l'Union Guinéenne pour la Démocratie et le Développement (UGDD), Pépé Francis Haba, ainsi que cinq autres personnes, sont poursuivis pour atteinte et menace à la sécurité publique. L'audience du jeudi 22 août 2024 au tribunal de Dixinn a été consacrée à la présentation de scellés, notamment des échanges sur les plateformes WhatsApp que les prévenus sont accusés d'avoir organisées, dans le cadre du verdict du procès du massacre du 28 septembre 2009. Selon le procureur, ces échanges visaient à défendre les intérêts d'une catégorie de prévenus dans ce procès, qui s'est conclu en première instance le 31 juillet dernier, a appris Guineematin.com par l'un de ses reporters.

Tous les accusés dans cette affaire sont en détention provisoire depuis le 31 juillet 2024, à l'exception de Pépé Francis Haba. Ils sont Simone Pierre Camara (coordinateur du mouvement MPPD), Pierre Kamano, Ange Kolomou, Joseph Maomou et Bienvenu Théa. Aujourd'hui, ils ont été confrontés aux preuves du dossier, notamment un enregistrement audio et leurs téléphones portables. Chacun d'eux, comparu individuellement à la barre, a répondu aux questions du tribunal, du procureur et de l'avocat de la défense après la diffusion du contenu d'un enregistrement audio.

Simon Pierre Camara nie tout en bloc : "Le groupe dont parle M. Haba, où il dit être membre, a changé de nom. Il s'appelle maintenant MPPD. Lors de l'enregistrement audio, il n'y avait que Bienvenu Théa et moi. Pendant la réunion, je n'ai interrompu personne, même si les propos étaient incendiaires. Mais je ne me souviens pas qu'il ait été mentionné lors des débats qu'il fallait interdire à tout administrateur guinéen de prendre fonction en région forestière. Ce que le procureur a dit concernant les condamnations, je l'avais juste dit qu'il était dans son droit de le faire, c'est tout. Il n'était pas mal que je m'exprime ainsi," a-t-il déclaré.

Ensuite, Pierre Konomou, Ange Kolomou et Joseph Maomou ont répondu aux questions des parties au procès.

Pierre Konomou : "Je ne fais pas partie du groupe WhatsApp, j'ai juste eu une réunion avec Bienvenu, c'est à ce moment-là que j'ai été interpellé…"

Ange Kolomou : "Je suis sur la plateforme et c'est Bienvenu qui m'a ajouté. C'est en voyant les messages d'invitation à la réunion que je m'y suis rendu."

Joseph Maomou : "Je suis membre de la plateforme. Je ne vois pas toujours les messages. Je me connecte rarement et quand je le fais, je constate qu'il y a trop de messages et je zappe. Parfois j'écris dans le groupe, quand j'en ai le temps."

Bienvenue Théa, dont l'application WhatsApp ne fonctionne pas, a évalué s'il avait tenu ou non des propos incendiaires : "J'ai dit à mon avocat avant le début du procès que mon WhatsApp se désactive tous les quinze jours si je ne me connecte pas. Je ne sais pas qui a fait ou diffusé l'enregistrement. Je n'ai jamais parlé de manifestation en forêt, ni demandé que nous nous levions avec le soutien du Liberia pour l'insurrection. J'avais appelé à une réunion qui, d'ailleurs, n'a jamais eu lieu," a-t-il déclaré.

Ce fut ensuite au tour de Pépé Francis Haba, président de l'UGDD, de répondre aux questions des différentes parties. "Je suis surpris que ce numéro soit sur WhatsApp. Je suis d'accord avec vous qu'il est sur WhatsApp et qu'il a eu des interactions dans des groupes. Mais le numéro que j'utilise personnellement sur WhatsApp n'est pas celui-là. Je suis surpris que ce numéro, qui m'appartient, soit sur WhatsApp. Les messages que j'ai vus dans le groupe sont des informations partagées via mon numéro, mais ce n'est pas moi personnellement. Ce n'est pas moi qui ai posté les messages sur l'enlèvement de Simon Pierre Camara, ce sont les médias qui l'ont fait. J'ai juste partagé le message," a-t-il maintenu.

Après son passage et la fin des questions du procureur et de l'avocat de la défense, le président du tribunal a procédé à la clôture de cette phase de confrontation.