L'ex-dirigeant militaire guinéen gracié après le massacre du stade

L'ex-dirigeant militaire guinéen gracié après le massacre du stade

La junte au pouvoir en Guinée a accordé la grâce à l'ancien chef militaire Moussa Dadis Camara, moins d'un an après le début de sa peine de 20 ans pour crimes contre l'humanité liés à l'un des pires massacres du pays.

Un décret lu à la télévision nationale a annoncé que la grâce lui avait été accordée pour des raisons de santé.

En 2009, des soldats sous son commandement ont ouvert le feu sur une manifestation appelant au retour à un régime civil, tuant plus de 150 personnes. Des dizaines de femmes ont également été violées.

Camara avait pris le pouvoir en 2008 après la mort du président Lansana Conté. Après avoir survécu à une tentative d'assassinat peu après le massacre, il s'était exilé avant de revenir en 2022 pour faire face à la justice, clamant son innocence.

Âgé de 61 ans, il était un capitaine de l'armée peu connu lorsqu'il a dirigé le coup d'État. Il a été condamné en juillet 2024, après un procès de 22 mois, aux côtés de sept de ses commandants militaires.

Sa grâce intervient alors que les autorités militaires ont annoncé leur intention d’indemniser les victimes du massacre, une obligation qui incombait initialement aux condamnés.

Le massacre s'est produit en septembre 2009, lorsque des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées dans un stade à Conakry pour protester contre la candidature de Camara à l'élection présidentielle.

Les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes avant de charger dans la foule, provoquant une bousculade meurtrière. Au moins 109 filles et femmes ont été violées.

L’état de santé de Camara n’a pas été précisé. Son frère cadet a déclaré : « Tout le monde est heureux. Nous remercions le président. »

Après avoir été blessé par balle à la tête, Camara avait été soigné au Maroc avant de s’exiler pendant 12 ans au Burkina Faso.

Son ancien adjoint a ensuite organisé une élection en 2010, ouvrant une décennie de régime civil qui a porté Alpha Condé à la présidence. Ce dernier a été renversé par un coup d'État en septembre 2021 après des manifestations contre son troisième mandat contesté.