La rivalité politique guinéenne s’invite aux obsèques de Gon Koulibaly
De la douleur à la joie, du malheur au bonheur, chaque occasion est une opportunité politique à saisir. Compatir à la douleur est une recette politique qui fait bon marché chez le guinéen. Tout est taillé sur la politique. L’homme politique guinéen tire le profit derrière chaque acte qu’il place du plus anonyme au très connu.
Le carnet d’adresses, le réseautage et le profil idéal de l’homme Président sont des éléments sur lesquels s’appuient nos leaders politiques pour marquer l’opinion. La personnalité du leader vend mieux que le projet de société de son parti après sa carte ethnique.
Aux obsèques de Gon Koulibaly, la rivalité politique guinéenne a pris le dessus sur la compassion et le partage du chagrin.
D’un côté, Sidya Touré comme tenu son passé ivoirien et sa proximité incontestable avec le régime Ouattara, était tout-heureux de voir un vol spécial affrété par l’État ivoirien pour qu’il assiste aux funérailles de son ancien ami. Il a créé le tollé pour la marque d’estime qu’il a eue et comme pour dire aux guinéens, qu’il jouit d’un carnet d’adresse bien accompli. On avait plus l’impression qu’il assistait à une cérémonie d’investiture qu’à des obsèques.
De l’autre côté, par calcul politique, le Chef de l’État taille un concurrent et nourrit la rivalité légendaire entre Kassory Fofana son Premier Ministre et Sidya Touré, son ancien Haut Représentant, deux ennemis jurés.
Après la guerre des Jets privés, arrive le combat des images.
Kassory s’est fait voir à la cérémonie et tenait à marquer son passage avec le confort du prestige de représentant officiel.
Sidya Touré, lui, dont le départ a été fêté avec tambour et trompettes, s’est montré très discret voire introuvable. Pour deux raisons: premièrement, il est venu pour compatir à la disparition d’un ami.
Deuxièmement, sa loge n’était pas confortable. Il était parmi les autres invités de la grande famille.
Pour conclure, Sidya Touré était venu pleurer la mort d’un proche, tandis que Kassory Fofana était porteur des messages de condoléances du Chef de l’État. Le buzz l’arrangeait mieux que le premier.
Donc, Kassory avait plus besoin de photos que Sidya Touré et ce dernier, n’avait besoin que de larmes de compassions.
Ils étaient tous présents mais ils n’avaient pas le même objectif.
Par Habib Marouane Camara, Journaliste-Chroniqueur.