Karamö Solo : Ne laissons pas l'imposture obscurcir notre chemin vers un avenir meilleur

Karamö Solo : Ne laissons pas l'imposture obscurcir notre chemin vers un avenir meilleur

En novembre 2021, quelques jours après son coup d'État militaire, le général Mamadi Doumbouya, alors colonel, a déclaré : « Je pense avoir été clair, et je vais l’être à nouveau aujourd'hui avec vous : ni moi, ni aucun membre de cette transition ne sera candidat à quoi que ce soit. Nous mènerons la transition à son terme avec tous les Guinéens.

Nous commencerons par les élections locales, suivies des élections législatives et présidentielles, afin de permettre au président qui nous succédera de ne pas traîner les choses, car le peuple n'acceptera plus jamais que les affaires publiques soient personnalisées. Pour moi, la durée de la transition doit être définie. Le calendrier de la transition doit également être fixé par l’organe législatif... »

En octobre 2022, la CEDEAO et le gouvernement se sont mis d'accord sur une période de transition de 24 mois, commençant le 1er janvier 2023 et se terminant en décembre 2024.

En mai 2024, le Premier ministre Amadou Oury Bah a précisé à TV5 Monde que le retour à l'ordre constitutionnel, tel que convenu avec la CEDEAO, ne se ferait pas à la date initialement prévue. Il a expliqué : « Il y a eu un retard par rapport au programme pour la réalisation des dix points du calendrier.

Nous assumons ce retard. Nous travaillons pour que, comme l'a déclaré le président Mamadi Doumbouya le 31 décembre, le référendum constitutionnel puisse se tenir d'ici la fin de cette année. Nous ne pouvons pas nous permettre de jouer avec l'intérêt du pays, sa stabilité et sa paix.

« À partir du moment où nous aurons le fichier électoral consolidé et l’organisation du référendum, le reste ne sera qu’une question de timing. »

Malgré ces engagements pour un retour à l’ordre constitutionnel, certaines personnes cherchent à détourner l’attention publique à des fins personnelles. Parmi eux, Cheick Souleymane Sidibé, alias Karamö Solo, dont les récentes déclarations montrent une volonté manifeste de manipuler les émotions populaires. En affirmant : « Si jamais un autre candidat parvient à leur tenir tête, je jure au nom de Dieu, j'abandonnerai le chapelet pour rejoindre les prêtres féticheurs... », il trahit non seulement les valeurs profondes de notre foi, mais cherche également à détourner l'attention des véritables enjeux de cette transition.

Karamö Solo ne s’arrête pas aux simples paroles. Il prône un soutien inconditionnel aux militaires au pouvoir tout en menaçant de renoncer à ses croyances religieuses, un geste qui révèle son véritable visage : celui d’un opportuniste exploitant la foi pour satisfaire ses ambitions personnelles.

Cette perception d’opportunisme ne vient pas de moi, mais de nombreux érudits et notables de la ville sainte de Kankan. Il est également pertinent de rappeler que Karamö Solo a été suspendu à plusieurs reprises par la Ligue Islamique de Guinée.

Le Coran nous guide avec sagesse et clarté : « Ô les croyants, soyez stricts pour Dieu, témoins équitables. Que la haine d’un peuple ne vous pousse pas à être injustes. Soyez justes, cela est plus proche de la piété. » (Sourate Al-Ma’idah, 5:8). Le Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) nous enseigne que la tromperie n’a pas sa place dans la communauté des fidèles : « Celui qui trompe n’est pas des nôtres » (Sahih Muslim).

Les appels de Karamö Solo à soutenir un régime militaire et à rejeter la voie démocratique vont à l'encontre des véritables principes islamiques et constituent une insulte à la dignité de notre peuple. Il utilise la foi comme un outil pour ses propres intérêts, se servant des croyances comme d’une marionnette pour jouer son jeu de pouvoir.

À vous, Mamadi Doumbouya, nous adressons un appel sincère et poignant : la Guinée a trop longtemps souffert sous le poids de l’injustice et de la corruption.

Le 5 septembre, vous avez fait un choix courageux, promettant un changement pour une nation aspirant à la liberté, à la dignité et à la justice. Vous avez pris les rênes d’un pays brisé, jurant de le reconstruire sur des bases solides.

Pensez aux larmes des mères qui ont perdu leurs enfants à cause de l’inefficacité et de la cruauté des régimes passés. Ressentez la douleur des fils et des filles de la Guinée, rêvant d’un avenir meilleur, loin des chaînes de l’oppression et de la corruption. Ces visages, ces espoirs, ces cris silencieux sont l’essence même de ce pour quoi vous avez pris le pouvoir.

Ne laissez pas les sirènes trompeuses vous détourner de ce noble chemin. Karamö Solo et ses semblables n’apportent rien d’autre que le chaos et la division. Ils sont les échos d’un passé que vous avez promis de dépasser.

En restant fidèle à vos engagements, en honorant votre promesse de justice et de transparence, vous offrirez à votre peuple le plus précieux des cadeaux : l’espoir d’une Guinée réconciliée avec elle-même, debout et fière.

Vous avez la possibilité de laisser une empreinte indélébile sur l’histoire, non pas en cédant aux tentations du pouvoir, mais en bâtissant un avenir où chaque Guinéen pourra regarder vers l’horizon avec fierté et espoir. Votre leadership peut transformer la Guinée, non seulement en une terre de prospérité, mais aussi en un phare de justice et de dignité pour toute l’Afrique.

Ne laissez pas l’imposture éclipser votre vision. Écoutez le murmure des générations futures, ressentez la force de leur espérance et laissez-la guider vos pas. La Guinée attend de vous non seulement un dirigeant, mais un héros qui, avec intégrité et courage, tracera le chemin vers un avenir éclatant.

Face à cette situation critique, la question demeure : permettrons-nous aux imposteurs de détourner notre chemin vers la démocratie et la justice, ou choisirons-nous de soutenir fermement ceux qui ont promis un avenir meilleur pour notre nation ?

La Guinée a besoin de dirigeants intègres et engagés, pas de fauteurs de troubles ni de rois exploitant la foi à des fins personnelles. Il est temps de se lever en tant que peuple uni, de revendiquer notre droit à une gouvernance juste et transparente, et de protéger notre patrie contre ceux qui cherchent à semer la division et la désillusion. Guinée, n'fa bara, n'na so, ne laissons pas l'imposture obscurcir notre transition vers un avenir digne et prospère. Ensemble, bâtissons la nation que nous méritons.