Couple : La douleur de Djanken Diakhaby, à la recherche de son mari "disparu" depuis 4 ans entre Labé et Kankan

Couple : La douleur de Djanken Diakhaby, à la recherche de son mari "disparu" depuis 4 ans entre Labé et Kankan

LABE - Cela fait maintenant plus de 4 ans que la famille de Lamine Balagan Diaby vit dans l'incertitude totale. Lamine Balagan Diaby, âgé de 62 ans au moment de sa disparition, est marié à deux femmes et père de 8 enfants. Les derniers signes de vie de cet homme remontent au 17 février 2020, lorsqu'il s'apprêtait à quitter Kankan, où il avait séjourné pendant trois mois, pour rejoindre Labé où réside sa famille. Commerçant de profession, il faisait la navette entre Kankan et Labé depuis plus de 40 ans. Lamine Balagan Diaby avait informé certains proches au téléphone qu'il prenait un véhicule personnel en direction de Conakry et qu'il changerait de véhicule à Mamou pour poursuivre son voyage vers Labé. Cette conversation fut la dernière avec sa famille. Depuis, aucune nouvelle de lui. Sa famille d'accueil à Kankan a confirmé son départ, mais il n'est jamais arrivé à Labé. Malgré les enquêtes et les recherches, aucune piste n'a permis de retrouver sa trace. Cette situation plonge sa famille dans un deuil sans fin.

Djanken Diakhaby, l'une de ses épouses, s'adresse à africaguinee.com pour attirer l'attention des autorités sur le cas de son mari disparu. En larmes, Djanken raconte les moments douloureux qui entourent la disparition de son mari, encore vifs dans sa mémoire.

« Je suis Djanken Diakhaby, mon mari a disparu depuis le 17 février 2020 entre Kankan et Labé. Aucune nouvelle de lui. Les enquêtes n'ont rien donné. Je pleure jour et nuit. La famille est complètement abattue depuis 4 ans », dit-elle en pleurant.

**Les circonstances de son départ pour Labé**

Trois mois avant sa disparition, il était à Labé. Un matin, il a quitté ma maison pour aller chez ma coépouse. Ce jour-là, il n'avait pas prévu de voyager, car il ne m'en avait pas parlé pour que je puisse préparer sa valise. Mais dès qu'il est arrivé chez ma coépouse, il est revenu et m'a demandé de préparer sa valise car il devait se rendre à Kankan. Il était 9 heures. Je lui ai demandé la raison de cette urgence, étant donné la tension dans le pays à ce moment-là. Il m'a répondu : "J'ai reçu un appel m'informant de l'arrivée à Kankan de quelqu'un qui me doit de l'argent. Je vais y aller pour réclamer ma dette qui traîne depuis trop longtemps."

Mon mari est parti de Labé un samedi pour Kankan ; il a passé la nuit et toute la journée du dimanche à Mamou. C’est le lundi qu’il a poursuivi son voyage vers Kankan où il a séjourné pendant trois mois. À chaque fois que nous parlions, il me disait que la personne qui lui devait de l'argent avait promis de payer, mais qu'il avait besoin d'un peu de temps. Je lui demandais de rentrer en attendant que son débiteur trouve l'argent. Même son ami qui l'hébergeait à Kankan lui avait conseillé la même chose. Mais, malheureusement, il n'avait pas révélé à son ami l'identité de son débiteur.

Un jour, Diaby m'a dit au téléphone qu'il voulait se rendre à Kouroudougou, une zone aurifère. Il rêvait souvent qu'il travaillait dans l'orpaillage et voyait de l'or dans ses rêves. Il m'a dit qu'il espérait trouver deux ou trois collaborateurs locaux pour ce projet. Lors de cette conversation, il m'a promis de rentrer à Labé dans une semaine si tout se passait bien. C'était au début de février 2020.

Il m'avait dit que le vote du 22 mars 2020 (référendum pour le 3e mandat d’Alpha Condé NDLR) le trouverait à Labé auprès de sa famille. Nous étions d'accord et nous nous sommes dit au revoir. Je pense que c'était un mercredi. J'ai attendu le dimanche suivant pour l'appeler à nouveau vers 11 heures pour connaître son programme de retour. Il m'a dit qu'un ministre était en séjour à Kouroudougou et qu'il ne passerait pas la nuit là-bas ; il reviendrait à Kankan puis à Labé.

Le lundi 17 février 2020, jour de sa disparition, je l'ai appelé vers 17 heures et lui ai demandé : "Diaby, tu ne m'as pas donné de nouvelles. As-tu quitté le village ?" Il m'a répondu : "Oui, je suis sur la route." Je n'avais pas compris qu'il était sur la route entre Kankan et Labé. Pour moi, il était en chemin entre Kouroudougou et Kankan. Diaby n'aimait pas beaucoup le téléphone ; il appelait rarement et ne répondait pas s'il ne connaissait pas le numéro. En début de soirée ce lundi 17 février 2020, Diaby a appelé un de ses amis à Labé pour l'informer qu'il était en route pour Labé.

Il lui a dit : "Je quitte Kankan pour Labé, j'arrive. J'ai embarqué dans un véhicule personnel, ils me laisseront à Mamou et je continuerai sur Labé." Le véhicule se dirigeait vers Conakry. Il a également appelé un autre ami, son homonyme, Lamine, ici à Konkola. Vers 19 heures, il lui a dit qu'il rentrait aussi, après avoir parlé avec moi à 17 heures. Diaby a dit à son ami : "Si vous n'arrivez pas à me joindre, ne vous inquiétez pas, mon téléphone est presque déchargé, ce serait la raison."

Nous sommes restés sans nouvelles jusqu'au mardi 18 février 2020 à midi ; son ami et homonyme m'a appelée pour demander s'il était arrivé en famille. C'est à ce moment-là que j'ai compris que mon mari était entre Kankan et Labé. J'ai dit à son ami qu'il n'était pas arrivé à la maison. Il m'a répondu pourtant que mon mari l'avait appelé la veille au soir et lui avait dit qu'il était entre Kankan et Mamou dans un véhicule personnel. À partir de Mamou, il devait continuer à Labé avec un autre moyen de transport.

Quand j'ai commencé à appeler sans succès, je suis retournée voir son ami pour le lui dire. J'ai aussi contacté un autre ami à Mamou, mais il m'a dit qu'il était lui-même à Dabola. Je l'ai supplié de contacter ses proches à Mamou pour savoir si mon mari était arrivé en son absence. Il a appelé son collaborateur au magasin ; celui-ci lui a dit que Diaby n'était pas arrivé chez eux à Mamou. J'ai commencé à m'inquiéter ; je suis allée au marché de Labé pour voir l'ami et homonyme de mon mari. Il m'a dit qu'il n'y avait pas lieu de paniquer, que le téléphone de Diaby devait être déchargé ou qu'il avait accusé un retard. Il m'a dit : "N'ayons pas peur."

Je suis restée dans cette attente, toute la journée jusque tard dans la nuit, sans aucune suite. En même temps, je continuais d'appeler son numéro, mais sans succès. J'ai alors informé toute la famille que je n'avais aucune nouvelle de Diaby. Au début, tout le monde me disait : "Ne t'inquiète pas, peut-être qu'il est retourné à Kankan pour des raisons importantes." Mais s'il avait changé d'avis, il aurait dû nous en informer, malheureusement il n'a rien dit et son téléphone ne passe plus, et il ne nous a jamais appelés avec un autre numéro pour expliquer son absence, alors qu'il avait informé de son retour à Labé.

Je suis restée dans cette interrogation. De mardi à dimanche, mon mari était injoignable ; personne ne me donnait de nouvelles de lui. En larmes, je suis allée voir un autre ami à lui, El Hadj Bakary, récemment décédé. Lui aussi m'a encouragée à rester calme, bien qu'il n'ait aucune nouvelle de lui, mais il gardait espoir. Mais au fond, il était affecté par mes larmes, et il m'a laissée avec sa femme. Sa femme a commencé à me questionner. Le même dimanche, j'ai parlé au jeune frère de mon mari, et il m'a dit que son frère devait bien se porter. J'ai dit à celui-ci : "Si vous croisez les bras alors que vous n'avez aucune nouvelle de votre frère, moi je ne peux pas rester comme ça." C'est après cela qu'ils ont pris les photos de leur frère pour commencer des recherches. C'était un lundi. Mardi, à mon tour, j'ai saisi la police et la gendarmerie, c'était le 9e jour après sa disparition.

Après la disparition de votre mari, avez-vous parlé avec son tuteur de Kankan sur les circonstances de son départ pour Labé ?

Son principal tuteur, Alfousseny, n'était pas très tranquille à ce moment-là. Il était au chevet de sa mère malade, décédée quelques jours après la disparition de Diaby. Il ne savait pas que Diaby avait quitté Kankan pour Labé. Après Kouroudougou, Diaby était allé chez son