Kankan : Entre colère et frustration, des enseignants contractuels non admis à la fonction publique
Après des années de lutte acharnée pour intégrer la fonction publique, les enseignants contractuels ont enfin obtenu des résultats. Le soir du 8 août, le ministère du Travail et de la Fonction publique a publié la liste des enseignants contractuels admis à la fonction publique locale, suite à une évaluation pratique menée au cours de l'année scolaire passée. Cependant, à Kankan, ces résultats ont suscité plus d'indignation que de joie. De nombreux enseignants, surpris de ne pas voir leurs noms sur la liste, ont exprimé leur colère, dénonçant des pratiques de favoritisme.
Sur les près de vingt mille contractuels évalués, seuls dix mille ont été admis à la fonction publique locale, une décision qui laisse un goût amer à Kankan. Depuis la publication des résultats, le siège de la coordination est envahi par des contractuels déçus, dont Mme Djaka Keita, une enseignante qui dénonce ce qu'elle considère comme une injustice.
« Certains noms sur la liste appartiennent à des personnes qui n'ont jamais enseigné en classe, tandis que nous, qui enseignons depuis des années, avons été écartés. Que nous reproche-t-on au ministère ? Depuis 2017, nous vivons cette situation. J'ai même perdu des enfants à cause de ce statut de contractuel », a-t-elle déclaré, pleine de désarroi.
Albert Kamano, un autre enseignant contractuel, est tout aussi consterné. Enseignant en instruction civique, morale et géographie au collège de Mamouroudou, à 140 km de Kankan, il s'étonne de ne pas figurer sur la liste des admis, malgré sa participation à toutes les étapes de l'évaluation.
« J'ai suivi toutes les étapes du concours avec succès, mais je ne retrouve pas mon nom sur la liste. J'ai tout sacrifié pendant six ans, vivant isolé en brousse, loin de ma famille. Et maintenant, je me retrouve sans rien. Je suis désespéré, au point de préférer la mort à cette vie », a-t-il confié, la voix pleine de tristesse.
Kankan, avec 584 admis, est la préfecture ayant obtenu le plus grand nombre de places. Toutefois, nombreux sont ceux qui, en privé, affirment ne plus jamais faire confiance à un quelconque processus de recrutement dans la fonction publique.