Economie : le PSG porte la croissance du foot français

Jean-Claude Blanc (à gauche), directeur général délégué du PSG, et son président Nasser Al-Khelaïfi, le 21 janvier, au Parc des princes. Jean-Claude Blanc (à gauche), directeur général délégué du PSG, et son président Nasser Al-Khelaïfi, le 21 janvier, au Parc des princes.

La filière économique « foot professionnel » génère en France 6 milliards d’euros, soit plus que celles du disque ou du livre… mais un unique club porte les deux tiers de la croissance de ses pairs. Ah, si le PSG n’existait pas !

« Le PSG, c’est l’arbre qui cache la forêt, derrière, les clubs font le dos rond », a expliqué Philippe Diallo, directeur général de l’Union des clubs professionnels de football (UCPF), en rendant public lundi le Baromètre des impacts économiques et sociaux du foot pro (soit 40 clubs de D1 et D2 ainsi que 4 clubs de National ayant conservé leur statut pro).

« Les clubs ont été touchés par la crise et, sauf l’arrivée de nouveaux actionnaires, la situation est plus difficile pour les clubs en raison des problèmes de leurs partenaires et sponsors », poursuivait-il. Un seul chiffre pour mesurer la hauteur de l’arbre parisien et le désert que masquent ses bons résultats financiers : sur la saison 2012-2013, les clubs professionnels français ont globalement enregistré une croissance de 20,8 % de leur chiffre d’affaires cumulé (1,5 milliard d’euros).

Les recettes de sponsoring en forte baisse

Mais, si l’on exclut le PSG du calcul, il est en diminution de 3,7 % (à 1,1 milliard d’euros), en raison notamment de la baisse de 61 millions des droits télé pour 2012-2016, et de la forte diminution des recettes de sponsoring liée à la crise. Avec 400 millions de chiffre d’affaires, le club de la capitale – devenu propriété des Qataris de QSI en 2011 – enregistre, en revanche, une progression de 100 % sur cette même période. Et engrange, à lui seul, plus d’un quart des revenus des 44 clubs pro.

En dépit de la locomotive parisienne, les revenus du foot professionnel en France restent largement distancés par ceux de ses rivaux européens. A droits télé comparables (620 millions d’euros, contre 632 en France), la Bundesliga a encore creusé l’écart avec la L1 : le différentiel entre leurs revenus a ainsi augmenté de 37 % en six ans, grâce notamment à la capacité des clubs allemands à générer de fortes recettes les jours de match dans des stades de nouvelle génération.

« Le total des revenus strictement liés à la compétition (droits TV, billetterie, sponsoring) ne couvre pas les charges, décrypte Philippe Diallo. Les clubs enregistrent un déficit de 300 millions. Le seul mécanisme qui permette de retrouver l’équilibre est celui des transferts, il s’agit de trouver un complément de revenu pour revenir à l’équilibre. » L’écart entre les championnats européens en matière de compétitivité tient en effet à la grande différence de traitement des clubs du continent en matière fiscale.

Les cotisations pèsent dans les résultats des clubs

Quand en France un club débourse 504 000 euros de charges (hors taxe à 75 %) pour un salaire annuel brut de 1,8 million, son homologue allemand verse, quant à lui, 12 000 euros de cotisations. En 2013, les clubs professionnels ont payé 714 millions d’euros de cotisations sociales et fiscales (dont 23 pour la taxe à 75 %), soit la moitié des contributions de la filière (qui inclut les sous-traitants, les équipementiers, le BTP, les médias, les paris en ligne) qui se montent à un milliard et demi, alors que les clubs ne représentent que 25 % de ses revenus.

En hausse de 19 %, à 6 milliards d’euros, le chiffre d’affaires total de cette filière est accompagné d’une augmentation du nombre d’emplois directs et indirects générés par ses activités. Le « foot pro » occupe aujourd’hui 26 107 actifs, à temps partiel ou plein, soit 1 000 de plus qu’en 2013. Une hausse directement liée à la campagne de rénovation ou construction de stades, en vue de l’Euro 2016. « Pour que les nouveaux stades soient un relais de croissance, il faut que les clubs soient associés à leur gestion », conclut Philippe Dia

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