Débat sur le projet de Constitution en Guinée : Dr Galissa Hady Diallo appelle à une réforme pour garantir l'indépendance de la justice
Le projet de nouvelle Constitution publié par le Conseil National de Transition (CNT) continue de susciter des réactions au sein de l'opinion publique en Guinée. Juristes, acteurs sociaux et politiques analysent et critiquent le contenu de ce texte composé de 205 articles. Certains mettent en lumière plusieurs lacunes qui pourraient freiner les progrès escomptés.
Lors d'une conférence de presse tenue ce jeudi 22 août 2024 à l'ambassade des États-Unis en Guinée, Dr Galissa Hady Diallo, docteur en droit public et régulation économique, avocat et essayiste, a partagé ses observations sur le projet constitutionnel. Il a également proposé des améliorations pour mieux répondre aux attentes du peuple guinéen, rapporte Guineematin.com.
Dr Galissa Hady Diallo a critiqué le projet pour avoir omis des éléments essentiels et pour son penchant à entrer dans des détails excessifs. Selon lui, la Constitution doit rester concise et se concentrer sur les aspects fondamentaux, laissant les détails aux lois organiques et ordinaires.
« Ce qu'il faut dire, c'est qu'il y a principalement deux ou trois choses. Tout d'abord, il faudra avoir une Constitution moins bavarde. C'est-à-dire qu'il faudra s'en tenir à l'essentiel. C'est une Constitution qui rationalise le pouvoir de la République en partageant le pouvoir de nomination et tout ce qui s'ensuit avec le Premier ministre, les ministres et les administrations centrales. Ensuite, ce projet ne doit être qu'une Constitution garantissant les droits fondamentaux, une Constitution qui préserve notre écosystème, notre environnement et qui met en avant la cohésion nationale. C'est fondamental. Enfin, il y a tant d'autres sujets qui doivent relever du domaine de la loi, qu'il n'est pas nécessaire de s'y limiter, sinon non seulement on perd beaucoup de temps, mais on oublie l'essentiel et, au final, on devient inaudible. Car l'essentiel est toujours d'avoir quelque chose d'intelligible. Quoi qu'il en soit, nous sommes dans la phase de discussion et je pense que le pouvoir constituant fera ce qu'il faut pour retenir l'essentiel et l'intégrer dans le projet. Ensuite, tout ce qui est renvoyé à d'autres dispositifs, à d'autres mécanismes (lois organiques et ordinaires) doit l'être de manière à ce que nous ne traitions pas certains détails dans la Constitution, car sinon, ce ne serait pas une loi fondamentale, ce ne serait pas une loi suprême », a-t-il souligné.
En outre, M. Diallo a exprimé ses préoccupations concernant l'indépendance des institutions judiciaires. Il a appelé à des garanties solides concernant l'indépendance de la justice dans la nouvelle Constitution.
« L'autre point sur lequel je voudrais insister est l'indépendance des institutions juridictionnelles. Nous devons trouver le processus, les moyens et les mécanismes nécessaires pour garantir cela. Sinon, je ne veux pas qu'en 5 ans ou peut-être jusqu'à 20 ans, on commence à poser des questions et à débattre de ces sujets alors que le pays a beaucoup à faire. Il y a du travail devant nous, il y a des choses qui nous attendent. Nous devons nous mettre au travail, car tout simplement les défis du continent et du monde ne vont pas attendre que la Guinée soit prête. C'est à nous de faire le nécessaire pour y arriver. La démocratie doit vivre. Les institutions qui seront mises en place par la suite doivent être capables de traiter un certain nombre de sujets, notamment la question de la décentralisation, qui est fondamentale et qui pourrait être un signe de vitalité démocratique dans notre pays », a-t-il conclu.