La Papouasie-Nouvelle-Guinée lève l’interdiction sur les crédits carbone forestiers

La Papouasie-Nouvelle-Guinée lève l’interdiction sur les crédits carbone forestiers

La Papouasie-Nouvelle-Guinée a annoncé jeudi la levée immédiate de l’interdiction sur les projets de crédits carbone forestiers, rendant de nouveau accessible son immense forêt tropicale à la compensation des émissions mondiales de carbone.

Abritant la troisième plus grande ceinture de forêts tropicales au monde, l’île joue un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique en absorbant d’importantes quantités de dioxyde de carbone.

Depuis plusieurs années, des entreprises étrangères ont acheté des portions de forêt dans le but de vendre des crédits carbone, promettant de préserver les arbres face à la déforestation et à l’exploitation agricole ou minière. Cependant, en mars 2022, des scandales de mauvaise gestion ont contraint le gouvernement à suspendre ce marché volontaire.

Le ministre de l’Environnement, Simo Kilepa, a confirmé que cette interdiction de trois ans est désormais levée. “La Papouasie-Nouvelle-Guinée met fin au moratoire sur les marchés volontaires du carbone,” a-t-il déclaré, ajoutant que de nouvelles réglementations et directives sont en place pour encadrer ces activités.

Le pays ambitionne de devenir un acteur majeur sur les marchés internationaux du carbone. Avant le moratoire, certains projets permettaient à des entreprises de conclure directement des accords avec des chefs de villages, payant les communautés locales pour qu’elles n’abattent pas leurs forêts.

Ces engagements généraient des crédits carbone ensuite vendus à l’international. Mais des critiques sont apparues : des gouverneurs régionaux ont dénoncé certains investisseurs étrangers comme des “cowboys du carbone” venus faire fortune rapidement, tandis que des reportages ont révélé que l’exploitation forestière se poursuivait malgré les accords.

Des conflits fonciers et des plaintes sur les promesses non tenues ont également entaché la réputation du système.

Le manque de règles uniformes à l’échelle mondiale a alimenté la méfiance envers ces crédits, parfois considérés comme sans réelle valeur environnementale. Pourtant, en plus des systèmes obligatoires pour les grands pollueurs, les marchés volontaires permettent à des entreprises, des ONG et des particuliers de compenser leurs émissions.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée développe ses projets dans le cadre du programme international REDD, visant à réduire les émissions issues de la déforestation dans les pays en développement. Elle est aussi en négociation avec Singapour pour un accord bilatéral sur les crédits carbone, et a signé en 2023 un protocole d’accord avec la société Blue Carbon basée à Dubaï, qui sécurise déjà des terres en Afrique pources mêmes objectifs.