Grogne sociale dans les zones minières: Pour quoi les violences perdurent…?

Grogne sociale dans les zones minières: Pour quoi les violences perdurent…?
Bauxite is processed at the bauxite factory of Guinea's largest mining firm, Compagnie des Bauxites de Guinee (CBG), at Kamsar, a town north of the capital Conakry, on October 23, 2008. Guinea is the world's leading exporter of bauxite, an ore from which aluminium is produced. Copper, gold and diamond reserves are also exploited in the west African country. AFP PHOTO / GEORGES GOBET

L’atmosphère crisogene qui secoue les zones minières Guinéennes ne cesse de s’enflammer ces derniers temps. Un phénomène que les autorités semblent prendre à la légère, mais qui, à l’évidence devient de plus en plus inquiétant, surtout pour celui qui connait les conséquences néfastes qu’un tel phénomène pourrait engendrer.

 

En effet, loin d’être une manipulation politique comme certains le pensent, les violences sociales qui secouent ces différentes villes minières résultent bien entendu d’une accumulation de frustrations de la part des populations qui s’y habitent.

Entre manque d’eau et d’électricité qu’elles dénoncent, les problèmes n’en finissent pas. Mais bien au-delà de ces deux revendications majeures, l’on pourrait bien comprendre qu’il existe encore d’autres points de revendication, qui expliquent en grande partie le degré de leur frustration.

Le manque d’emplois et la non application des mesures d’atténuations et de compensations issues des études d’impact Environnemental ne sont pas les moindre.

Toute chose qui peut bien nous amener à dévoiler d’autres pistes de difficultés que ces populations locales traversent.

Toujours est-il que, pour celui qui connait l’ampleur du bruit que ces machines dégagent, ou au moins l’ampleur de la destruction du milieu Environnemental, due à l’extraction des mines, peut bien comprendre le caractère insupportable de cette situation, qui perdure au vu et au su des gouvernants.

Toutefois, comme on aime souvent le dire, les révoltes populaires ne se planifient jamais, c’est à la grande surprise de la société qu’elles éclatent, mais comme il n’est jamais tard pour mieux faire, le gouvernement doit bien prendre cette situation au sérieux, au risque de se retrouver à des lendemains inattendus qui n’arrangeront aucun acteur concerné.

Les exemples de la Foret et de la Haute Guinée restent toujours dans les annales, comme pour dire que ce qui se passe actuellement à Boké et à Kamsar, pourrait bien se transformer en une véritable chaine de révolte, d’autant plus qu’à Boké comme à Kamsar, l’on a enregistré des pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants.

Alors pourquoi cette situation continue de perdurer ?

Pour quoi ces compagnies minières ne prêtent pas une oreille attentive au cri de cœur de ces populations ?

Ces deux interrogations méritent bien d’être posées, dans la mesure où beaucoup d’observateurs soupçonnent déjà une certaine complicité entre l’actuel régime et les patrons de ces compagnies.

Pourquoi ne pas penser ainsi ?

D’autant plus que dans aucun pays du monde, une entreprise étrangère ne peut s’y installer en piétinant les droits des citoyens à la base, sans avoir un deal avec les autorités concernées.

Un tel soupçon semble être bien fondé, dans la mesure où plusieurs scandales de corruption éclaboussant le régime du président Condé, se sont avérés dans le secteur minier Guinéen.

Une pratique qui a été dénoncée bien au-delà de nos frontières, par la justice Américaine même, qui d’ailleurs a condamné l’ancien ministre de mine, Mahmoud Thiam.

Cependant, à l’allure où vont les choses, tout porte à croire que la situation insupportable dans ces zones minières risque bien de perdurer encore et toujours encore, surtout quand les compagnies sont protégées par le régime en place.

D’ailleurs rien ne rassure à ce jour que l’Etat prendra encore en compte les revendications des populations de Kamsar. Affaire à suivre…

 

 

 

Mamadou Moussa Diallo pour Journal Guinée