Élection présidentielle américaine : Kamala Harris en tête pour remplacer Joe Biden

Élection présidentielle américaine : Kamala Harris en tête pour remplacer Joe Biden

Kamala Harris est en pole position pour obtenir l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de novembre face à Donald Trump, avec un large soutien au sein de son parti après le retrait surprise de Joe Biden, qui a plongé la campagne dans l'incertitude.

La candidate de 50 ans s'est immédiatement déclarée prête à "gagner l'investiture démocrate" lors de la convention du parti mi-août à Chicago, après avoir obtenu le soutien du président, épuisé par ses 81 ans. Cependant, plusieurs figures importantes du parti démocrate, à commencer par Barack Obama, ont hésité à apporter un soutien immédiat à la première femme afro-américaine à accéder à la vice-présidence.

"Nous allons naviguer en eaux inconnues dans les jours à venir", a averti l'ancien président, les délégués de la convention restant libres de voter. Une autre grande figure du parti démocrate, Nancy Pelosi, est jusqu'à présent restée silencieuse et serait en faveur d'un processus d'investiture "ouvert".

En seulement huit jours, la course à la Maison-Blanche a connu deux rebondissements historiques majeurs qui ont complètement bouleversé les cartes d'une élection qui ne passionnait pas les Américains : d'abord la tentative d'assassinat de Donald Trump le 13 juillet, puis le coup de tonnerre du retrait de Joe Biden dimanche, contraint de céder sous la pression de son propre camp.

### Collecte de fonds record

C'est sous forme de communiqué, alors qu'il n'a pas été vu en public depuis qu'il a commencé sa convalescence la semaine dernière dans sa villa en bord de mer dans le Delaware pour traiter le Covid, que le démocrate a fait cette annonce.

"Je crois qu'il est dans le meilleur intérêt de mon parti et du pays que je me retire et me concentre uniquement sur mes fonctions de président pour le reste de mon mandat", a-t-il écrit, finalement vaincu par les doutes sur ses capacités mentales et l'accumulation de votes d'élus lui demandant de passer le relais. "Aujourd'hui, je veux donner mon plein soutien et mon endorsement à Kamala pour être notre candidate cette année", a-t-il ajouté, un mois avant la convention qui l'aurait officiellement intronisé candidat.

Dans les heures qui ont suivi, Kamala Harris a reçu un fort soutien de Bill et Hillary Clinton, du gouverneur de Californie Gavin Newsom, pourtant vu comme un possible rival, et d'une foule d'élus démocrates, tant progressistes que modérés. "Plus que jamais, il est crucial que notre parti et notre pays s'unissent rapidement pour vaincre Donald Trump et la menace pour la démocratie américaine", a exhorté l'influente élue de New York, Alexandria Ocasio-Cortez.

Une autre inconnue

Il reste cependant à savoir si le sénateur indépendant Joe Manchin, ancien démocrate connu pour ses positions conservatrices, décidera lui aussi d'entrer dans la course. Le retrait de Joe Biden a cependant déjà rapporté gros au parti démocrate, qui a enregistré la plus grande collecte de fonds en une seule journée pour la présidentielle, soit 46,7 millions de dollars (42,8 millions d'euros), a annoncé ActBlue, le groupe de levées de fonds pour le parti.

 La campagne de Trump bouleversée

Du côté des républicains, cette annonce chamboule complètement la candidature de Donald Trump, obligé de revoir sa stratégie électorale, jusque-là très focalisée sur l'état de forme du président démocrate. L'équipe de campagne de l'ex-président a ainsi multiplié les publicités électorales mettant en scène un Joe Biden gaffeur, bégayeur, ou qui trébuche.

Autant d'arguments qui risquent de se retourner directement contre le républicain de 78 ans, s'il est opposé à Kamala Harris, de près de 20 ans sa cadette. Nul doute que cette ancienne procureure fera tout pour replacer les ennuis judiciaires de Donald Trump, condamné au pénal fin mai, au devant de la scène.

La démocrate de 59 ans pourrait par ailleurs faire de l'avortement un de ses principaux angles d'attaque, ce thème ayant prouvé son efficacité auprès des électeurs. La vice-présidente devait s'exprimer lundi à la Maison Blanche, à 11h30 (15h30 GMT), lors d'une cérémonie célébrant les programmes sportifs universitaires.

L'équipe de campagne de Donald Trump assure toutefois qu'elle n'est pas complètement prise de court, des responsables ayant travaillé en coulisse à la préparation de publicités électorales attaquant Kamala Harris. Elles seront diffusées dans une série d'États clés pour l'élection, au cours des tous prochains jours.

Profitant des déboires démocrates, le candidat républicain continue d'arpenter le terrain électoral, capitalisant sur l'effet rassembleur de la convention de son parti à Milwaukee qui l'a officiellement intronisé candidat jeudi dernier. Il tiendra un nouveau meeting de campagne mercredi en Caroline du Nord.