Tragédie au Stade de Guinée : "Cette porte ici, c'est la porte de l'enfer"
Le 1er décembre, une tragédie frappait le Stade du 3 Avril à Nzerekore, deuxième plus grande ville de Guinée, lors de la finale d’un tournoi sportif. Mory Sanoh, dont le fils de sept ans, Lacinte, a perdu la vie dans la catastrophe, raconte : "J’aimais beaucoup mon fils. Je ne peux pas en parler sans pleurer. Qui peut supporter une telle tragédie ?"
Le gouvernement guinéen annonce 56 victimes, mais des organisations locales de droits humains estiment qu’au moins 135 personnes, dont une grande majorité d’enfants, ont perdu la vie. Alors que les enquêtes sont en cours, des familles continuent de chercher leurs proches dans les hôpitaux et les morgues.
Les circonstances de la catastrophe sont liées à une fuite de gaz lacrymogène tiré par la police pour disperser les spectateurs en colère vers la fin du match. Les spectateurs se sont précipités vers les portes principales du stade, où un écrasement humain a eu lieu. Le stade porte encore les cicatrices de cette tragédie. Emmanuel Sagno, représentant de l'Organisation Guinéenne des Droits de l'Homme (OGDH), déclare : "Cette porte ici, c'est la porte de l'enfer."
Le stade, qui habituellement accueille 5 000 personnes, avait vu sa capacité exploser en raison de l'accès gratuit au tournoi, attirant jusqu’à 20 000 spectateurs. Le match était prévu à 14h30, mais il a été retardé à 17h pour permettre aux organisateurs de faire passer des messages politiques, ce qui a entraîné une afflux supplémentaire de spectateurs.
La situation s’est dégradée à partir de la 68ème minute, lorsque des décisions controversées de l’arbitre ont enflammé la foule. À partir de ce moment-là, les spectateurs se sont précipités vers les sorties, mais les portes étaient soit partiellement bloquées, soit verrouillées, provoquant une tragédie supplémentaire.
Les autorités locales, après l'incident, ont été critiquées pour leur gestion de la situation, avec plusieurs véhicules brûlés et une station de police mise à feu. Les victimes ont été évacuées vers l'hôpital, où les corps s’entassaient rapidement, et certains ont été emportés par leurs familles sans aucune trace officielle.
Les causes de cette tragédie semblent inclure la surpopulation du stade et l'utilisation excessive de gaz lacrymogène. L’OGDH et d’autres organisations demandent une enquête conjointe avec les autorités, ainsi qu'un soutien psychologique pour les survivants et les familles des victimes.
Amnesty International a appelé à une enquête indépendante, soulignant l'absence de mesures appropriées pour garantir la sécurité des spectateurs, tout en critiquant le silence du gouvernement et les restrictions d’accès à Internet à Nzerekore. Le système de sécurité, à savoir la police et les forces de l'ordre, est pointé du doigt pour sa gestion défaillante de la foule et l’usage des gaz lacrymogènes.
Les appels à la justice se multiplient, notamment avec des graffitis sur les murs du stade exigeant des réponses. Les enfants rescapés de la tragédie recommencent à jouer au football sur le terrain adjacent au stade, mais la quête de la vérité, et la recherche de justice pour les victimes, ne fait que commencer.