Mise en place du G-5 Sahel : Le rêve d’IBK va-t-il se concrétiser ?

Mise en place du G-5 Sahel : Le rêve d’IBK va-t-il se concrétiser ?

Submergé par le terrorisme, qui, depuis 2012 a pris seul le contrôle de la partie Nord du Mali, le président IBK multiplie les prises de contacts ces derniers temps auprès de ses voisins. En effet, après avoir reçu son homologue Mauritanien, Ould Abdoul Aziz à Bamako, le président Malien s’est rendu cette semaine dans les trois (3) autres pays qui composent le G-5 Sahel. De Niamey à Ouagadougou, en passant par Ndjamena, Ibrahima Boubacar Keïta a plaidé auprès de ses homologues pour un engagement plus ferme face au terrorisme qui est en train de gagner du terrain dans la sous-région.

 

Et ce, pour aboutir en fin à l’opérationnalisation de cette force de 5 000 hommes, qui sera pilotée par un général Malien partir du centre du pays, dans la province de Sèvaré.

Mais toutefois, si ce rêve du président IBK est largement apprécié au-delà des frontières Maliennes et celles de la sous-région, beaucoup d’interrogations restent encore posées sur les obstacles qui risquent de retarder, voire empêcher totalement sa mise en place.

À QUELS OBSTACLES RISQUENT ILS D’ÊTRE CONFRONTÉS ?

En première ligne, l’on retrouve la question du budget de 400 millions d’euros. Un montant qui est loin encore d’être mobilisé, d’autant plus que seuls 50 millions d’euros débloqués par l’union Européenne restent encore disponible dans les caisses.

Au-delà de cette somme, la France a annoncé également la livraison des équipements à hauteur de 8 millions d’euros. Mais l’un dans l’autre cas, l’on constate que les choses sérieuses n’ont pas commencé encore pour l’opérationnalisation d’une telle force.

Car vue la taille de l’ennemi en face, cette lutte ne sera jamais efficace sur le terrain sans un meilleur équipement aérien et terrestre. Ce qui suppose notamment la disponibilité des avions de chasses et de surveillances, mais également des tanks pour assurer les opérations au sol.

Une éventualité très loin encore, même si les cinq (5) chefs d’États engagés dans ce groupe, se retrouveront tous la semaine prochaine à New York, pour prendre part à l’assemblée générale des Nations unies, étant donné qu’aucun engagement officiel des grandes puissances n’est encore annoncé pour appuyer leur initiative.

De Washington à Moscou, en passant par Berlin, Paris et Londres, les engagements ne dépassent pas pour l’instant le stade des discours. Ce qui laisse aucun espoir pointer à l’horizon, car Donald Trump et Vladimir Poutine accordent beaucoup plus d’intérêts aux conflits du moyen Orient, par rapport à ceux qui minent l’Afrique Noire.

C’est pour quoi seule la France semble pour l’instant accorder un minimum d’importance à cette initiative, mais sans assez de moyens disponibles. Toute chose qui laisse planer le doute sur la mise en place de cette force, car sans assistance financière et matérielle de ces grandes puissances, ce rêve restera certainement au stade des annonces.

D’autant plus que la situation socioéconomique qui prévaut dans ces pays n’y est pas favorable pour mobiliser un tel budget. D’ailleurs pour en savoir plus sur leur réalité financière, il suffit tout simplement d’observer le budget qu’ils accordent à leurs armées respectives, ainsi que le niveau d’équipements dont disposent ces armées pour faire face à l’ennemi commun.

QUE FAUT-IL FAIRE POUR Y PARVENIR ?

Vue l’impuissance financière qui caractérise ces pays, il devient indispensable pour ces cinq (5) chefs d’États de tendre la main aux partenaires financiers. Et pour cela, il ne faut pas seulement se tourner vers l’occident, car les intentions de ce côté sont moins rassurantes pour l’instant.

C’est pourquoi il devient nécessaire pour eux d’élargir le champ diplomatique, en se tournant vers d’autres géants économiques du monde. Notamment la République populaire de Chine, qui dispose énormément des moyens financiers, pouvant rapidement permettre de mobiliser ce budget initial.

L’autre partenaire stratégique dans la lutte contre le terrorisme reste la Russie de Vladimir Poutine. Une puissance militaire incontournable, disposant des matériels de guerre sophistiqués dont leur acquisition marquera un pas important pour ce contingent de 5000 soldats.

Mais cependant, connaissant le poids de la France sur ses anciennes colonies, il ne sera sans doute pas facile que la Russie ou la Chine y apporte un appui financier ou matériel. Car chaque pays compte privilégier ses alliés stratégiques qui constituent ses zones d’influence.

Comme pour dire que la mise en place de cette force passera dans une largement mesure par les bonnes intentions venant de la France, d’autant plus que Paris dispose en même temps de la force BARKHANE dans le Sahel.

 

 

Mamadou Moussa Diallo pour Journal Guinée