Le football français et sa croissance en trompe-l’œil

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Le Paris Saint-Germain est la locomotive économique du football français.facebook.com/PSG

La filière économique « foot professionnel » a généré en France 6 milliards d’euros lors de la saison 2012-2013. Mais elle a dû compter sur l’attractivité et la richesse du Paris-Germain. Le troisième Baromètre Foot Pro de l’Union des clubs professionnels de football démontre à quel point le football professionnel constitue une filière économique puissante dans l’Hexagone. Mais loin derrière l’Angleterre ou l’Allemagne.

Dans une troisième étude sur les impacts économiques et sociaux du football professionnel en France, publiée le 30 mars, l’Union des clubs professionnels de football (UCPF) dresse un nouveau portrait du football français. Un rapport qui met en scène 40 clubs de Ligue 1 et Ligue 2 et 4 formations de 3e division ayant conservé leur statut professionnel.

Pour la saison 2012-2013, la filière footballistique affiche une croissance de 21% du chiffre d’affaires qui pèse au total 6 milliards d’euros où l’on dénombre désormais 26 000 emplois et un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros. Une progression par rapport à l’étude effectuée en 2012. Mais c’est un seul club qui tire le football français vers le haut : le Paris Saint-Germain.

Le PSG assure près des deux tiers de la croissance

« Le PSG, c’est l’arbre qui cache la forêt ; derrière, les clubs font le dos rond », explique Philippe Diallo, le directeur général de l’UCPF. En effet, si on exclut le PSG de cette enquête, le chiffre d’affaires serait en diminution de 3,7%, soit 1 ,1 milliard d’euros. Avec 400 millions de CA, le club de la capitale qui est devenu propriété des Qatariens de QSI en 2011, enregistre une progression de 100%. Le PSG engrange à lui seul plus d’un quart des revenus des 44 clubs professionnels.

 Malgré la locomotive parisienne, la faible compétitivité économique des clubs français freine considérablement leur compétitivité sportive, notamment dans les compétitions européennes (Ligue des champions et Ligue Europa). Dans ces compétitions, chaque match donne des points comptabilisés pour le calcul de l’indice UEFA. Plus l’indice est élevé, plus les pays bénéficient de places pour leurs clubs dans les compétitions européennes. Et ces compétitions sont très lucratives. La France est aujourd’hui 6e à l’indice UEFA où elle a perdu deux places en deux saisons. Le football professionnel français ferme la marche des cinq grands championnats européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, Italie et France). Sur tous les postes de recettes (stades et diffusion médias en tête), la France ne parvient pas à produire la même attractivité que ses concurrents. La Bundesliga a encore creusé l’écart avec la L1: le différentiel entre leurs revenus a ainsi augmenté de 37% en six ans, grâce notamment à la capacité des clubs allemands à générer de fortes recettes les jours de match dans des stades de nouvelle génération.
 Le stade, un vecteur de croissance

« Pour que les nouveaux stades soient un relais de croissance, il faut que les clubs soient associés à leur gestion », explique Philippe Diallo en pointant qu’en France, un seul d’entre eux, l’Olympique Lyonnais, est aujourd’hui propriétaire de son enceinte, vecteur de croissance des années à venir. « Quand je regarde les grandes villes européennes, je m’aperçois qu’il n’y a pas de grande métropole sans grand stade. À Londres, on visite l’Emirates stadium, à Barcelone, le Camp Nou, à Munich, l’Allianz Arena (l’ancien stade olympique, NDLR). Notre ville avait donc pris un retard qu’il lui fallait rattraper », raconte Gérard Collomb, le maire de Lyon. En Angleterre et en Allemagne, pratiquement la majorité des clubs est propriétaire de son enceinte. Le contexte historique de l’organisation du sport en France fait que les collectivités locales ont dû construire, rénover, entretenir et exploiter les enceintes sportives au nom de l’intérêt général.

Aujourd’hui, force est de constater que le mode de financement et de gestion des stades récents pose de multiples questions aux clubs qui n’en sont que locataires et ne peuvent jouir de 100% des recettes. Enfin, plusieurs clubs ont souffert d’une baisse des recettes de billetterie causée notamment par les travaux de rénovation en vue de l’Euro 2016. Désormais, les enjeux de remplissage des stades sont de plus en plus présents, notamment après la rénovation des stades dans le cadre de l’Euro. Au cours de la saison 2012-2013, 7,3 millions de spectateurs se sont rendus au stade.

RFI